CHAPITRE 1 – QU’EST-CE QUE L’ÉDUCATION AUX MÉDIAS ?

ENJEUX DE L’ÉDUCATION AUX MÉDIAS ET À L’INFORMATION

D’une manière générale, l’éducation aux médias et à l’information tend à favoriser la connaissance et la compréhension des médias et de l’information, dans la perspective du débat citoyen et de la participation sociale.

 

L’EMI associe deux domaines distincts: la maîtrise de l’information met l’accent sur l’importance de l’accès à l’information, son évaluation et son utilisation éthique. L’ éducation aux médias met l’accent sur la capacité de comprendre les fonctions des médias, d’évaluer la manière dont ces fonctions sont exercées et de faire usage de ces médias de façon rationnelle pour s’exprimer.

 

Ce domaine, permet à ceux qui le transmettent:

  • De mettre en valeur le rôle et les fonctions des médias dans la société, et les conditions dans lesquelles les médias remplissent ces fonctions.
  • D’intégrer et de transmettre les outils d’une évaluation critique du contenu des médias
  • De créer, avec le public visé, des médias d’information de qualité.
  •  

Pour bien saisir la portée globale de l’EMI, il faut souligner qu’une société qui maîtrise les médias et l’information, et favorise le développement des médias libres, indépendants et pluralistes, tend à favoriser une participation pertinente des citoyens.

 

 

ENSEIGNER L’EMI : LES DIFFÉRENTES APPROCHES

Différentes approches pédagogiques sont à utiliser par l’enseignant d’EMI:

  • L’approche “problématique – recherche” qui consiste à identifier une problématique ; reconnaître les attitudes et les croyances sous-jacentes ; clarifier les faits et les principes liés à cette problématique ; organiser et analyser les pistes ; interpréter et résoudre la question ; prendre des mesures et reconsidérer les conséquences et les résultats de chaque phase. Cela permet à l’élève de développer son esprit critique. Cette approche peut être privilégiée pour l’analyse des fake news ou des théories du complot.
  • L’étude de cas, qui implique un examen en profondeur d’une situation ou d’un événement unique. Cette approche offre une méthode systématique d’observation des événements, de collecte de données, d’analyse de l’information et de communication des résultats.
  • L’apprentissage coopératif, peut aller d’un simple travail en binôme à des modes plus complexes tels que l’apprentissage par projet, l’apprentissage en puzzle, le questionnement guidé par les pairs et l’enseignement réciproque.
  • Avec l’analyse textuelle, les élèves apprennent à identifier comment les codes et les conventions de langues sont utilisés pour créer des types particuliers de représentations ciblant certains publics (les codes «techniques», «symboliques» et «narratifs» pour n’importe quel texte médiatique).
  • L’analyse contextuelle vise à aider les élèves à connaître des sujets tels que les systèmes de classification pour le cinéma, la télévision et les jeux vidéo, les liens entre la propriété et la concentration des médias et les questions de démocratie et de liberté d’expression.
  • Avec les réécritures, les élèves peuvent par exemple rassembler une série de documents visuels existants liés à la vie d’une personne et les utiliser comme point de départ pour préparer et réaliser un court documentaire sur cette personne.
  • En simulations, les élèves peuvent par exemple tenir le rôle d’une équipe de télévision produisant une émission pour les jeunes. La stratégie est discutée avec les étudiants comme un processus pédagogique.
  • Enfin, la production offre aux étudiants l’occasion de se plonger dans l’apprentissage par la découverte et la pratique. Par la production de textes médiatiques (audio, vidéo et/ou imprimé), les élèves peuvent découvrir la créativité et exprimer leurs propres opinions, idées et perspectives.

 

LE CIRCUIT DE L’INFORMATION

Le circuit de l’information suit différentes étapes :

1. Le fait
2. L’alerte ( un journaliste est informé par ses sources)
3. La vérification (plusieurs journalistes sont mobilisés, ils interrogent les organisations, les personnes ou les institutions concernées en se déplaçant sur place).
4. Une conférence de rédaction peut -être organisée par le média. Le rédacteur en chef réunit les chefs de service, on décide de déployer les journalistes sur le terrain et de traiter différents angles: les caractéristiques, les hypothèses, les précédents, les reportages, le récit de la journée…
5. Lors de la rédaction, le journaliste écrit son article ou son commentaire, puis les éditeurs relisent et corrigent, légendent les photos…
6. Quand l’information est recoupée, c’est le moment de la publication. Elle est publiée sous la forme d’un flash, d’une alerte ou d’une dépêche, selon l’importance de l’information.

A savoir: Avoir un scoop, c’est publier l’information en premier. Les autres médias pourront le reprendre mais en précisant d’où elle provient.

FAKE NEWS & COMPLOTISME

DÉFINITION

On désigne par théorie du complot une explication historique ou politique qui suppose l’existence d’une « vérité cachée ». Les fausses nouvelles complotistes répondent à 6 principales caractéristiques :

 

1. Elles impliquent un groupe secret très puissant et agissant dans l’ombre (reptiliens, Illuminati, Trilatérale, la NASA, Francs- Maçons, etc);

 

2. Ce groupe emploie un très grand nombre de gens (placés à des endroits stratégiques) dans tous les secteurs de la société — gouvernement, médias, police, universités, etc. — afin que le « secret » puisse rester… secret;

 

3. Elles s’opposent aux versions officielles, c’est-à-dire celles qui font consensus en science ou qui sont acceptées par la majorité dans les médias ou au gouvernement ;

 

4. Elles expliquent un événement par une seule cause. Par exemple, la guerre en Irak a eu lieu… parce qu’elle servait les intérêts des reptiliens !

 

5. Elles sont impossibles à réfuter. Peu importe la solidité des critiques qu’on apporte, leurs défenseurs vont toujours alléguer que ceux qui critiquent font partie du complot… ou sont naïfs.

 

6. On y fait toutes sortes d’amalgames. Par exemple : on sait que le gouvernement américain a menti pour la guerre en Irak, donc il a menti pour les missions lunaires. Les défenseurs de ces théories peuvent, au fil du temps, développer une connaissance encyclopédique des arguments favorisant ces théories même si aucun ne prouve leur validité.

 

 

ILLUSTRATION : UN SITE WEB COMPLOTISTE EN MACÉDOINE DU NORD

Natural News est un site d’extrême-droite situé en Macédoine du Nord connu pour propager des fausses informations alimentant diverses théories du complot.

 

Natural News fut notamment l’un des sites les plus prolifiques dans la diffusion d’une vidéo complotiste qui prétendait à tort qu’une sombre cabale d’élites utilisait le virus et un vaccin potentiel pour faire du profit et gagner du pouvoir. Cette vidéo de 26 minutes intitulée « Plandemic » mettait en scène une scientifique discréditée, Judy Mikovits, qui a déclaré que ses recherches sur les dommages causés par les vaccins avaient été enterrées. « Plandemic » a été mise en ligne le 4 mai dernier lorsque son auteur, Mikki Willis, l’a publiée sur les réseaux sociaux. Pendant trois jours, elle s’est accumulée sur les pages Facebook consacrées aux théories du complot et au mouvement anti-vaccins. Puis elle a basculé dans le courant dominant et a explosé.

 

Ainsi, selon le New York Times, “un peu plus d’une semaine après la sortie de « Plandemic », la vidéo avait été visionnée plus de huit millions de fois sur YouTube, Facebook, Twitter et Instagram” (source : lien).

FAKE NEWS & POLITIQUE

DÉFINITION

Les fausses informations à caractère politique sont “des allégations trompeuses, de nature à altérer la sincérité d’une élection, diffusées massivement de manière délibérée, artificielle ou automatisée par le biais d’un service de communication en ligne”. On parle de “campagne de désinformation” lorsque la diffusion massive de fake news traduit, en raison de son ampleur, la volonté de porter atteinte au bon déroulement d’un scrutin de manière à déstabiliser le régime en place, en surfant sur les peurs, le nationalisme et l’autoritarisme.

 

L’émergence de ces méthodes d’intrusion est intimement liée à la montée en puissance des plateformes numériques, qui permettent de diffuser des fausses nouvelles sur tel ou tel candidat avec une grande viralité, et avec un impact non négligeable sur l’opinion publique.

 

Toutes virtuelles qu’elles puissent paraître, les fake news à caractère politique ont des impacts bien réels. Elles ont notamment ces dernières années déstabilisé les processus électoraux de plusieurs pays.

 

C’est pourquoi les plateformes numériques, les Etats et la communauté internationale prennent des mesures de plus en plus sérieuses pour tenter de prévenir ces campagnes de désinformation, à travers, notamment, la régulation des réseaux sociaux et le renforcement de l’arsenal législatif.

 

 

ILLUSTRATION : LES USINES A FAKE NEWS EN MACEDOINE

Au cours de la campagne présidentielle américaine de 2016, la ville de Vélès, en Macédoine, est devenue “la capitale mondiale des fausses nouvelles”. En effet, sous l’influence de puissances étatiques, une centaine de jeunes macédoniens ont été enrôlés dans de véritables “usines à fake news”, dont l’objet était de déverser sur l’opinion publique américaine, via internet, un flot ininterrompu de fausses nouvelles pour faire gagner le candidat Donald Trump.

 

Ces jeunes ont gagné près de 10 000 euros par mois pour créer de faux comptes et inventer des articles de toutes pièces. L’une des fake news les plus courantes était de décrédibiliser la candidate démocrate, Hillary Clinton, en faisant circuler des rumeurs pour ternir son image. L’ allégation mensongère selon laquelle “Barack Obama a financé la campagne d’Hillary Clinton avec des fonds volés aux vétérans”, pilotée depuis Vélès, est ainsi devenue particulièrement virale aux Etats-Unis.

 

Le site web “The fake news machine : inside a town gearing up for 2020” documente et analyse les centaines de pages internet créées à Vélès et qui avaient pour principal objectif de contribuer par la manipulation de l’information à la victoire du candidat républicain.

 

Selon Xhelal Neziri, du “Centre pour le Journalisme d’Investigation en Macédoine” (Scoop), les activités des usines à fake news de Vélès étaient téléguidées par l’ancien parti nationaliste au pouvoir dans le pays. « Notre enquête montre que cette opération a été coordonnée par le précédent gouvernement. Une plateforme de jeunes qui publiait déjà des articles mensongers dans le domaine de la santé a été utilisée pour relayer des opinions politiques lors des élections parlementaires macédoniennes, puis lors de la présidentielle américaine » explique t-il (source : “Veles, capitale mondiale des fake news, RFI” – lien).

 

 

ILLUSTRATION : LES FAKE NEWS DÉSTABILISENT LES ÉLECTIONS EN UKRAINE

La campagne présidentielle ukrainienne de mars 2019, qui a consacré la victoire du comédien Volodymyr Zelensky – considéré comme pro-occidental – a été marquée par des campagnes de désinformation visant à discréditer ce candidat.

 

Ainsi, selon le média international DW (lien), “les fausses nouvelles en langue russe ont dévoré le paysage médiatique du pays” au cours de la période électorale. DW estime que les faux articles les plus populaires ont été diffusés sur des comptes facebook comptant jusqu’à 2 millions de membres.

 

Le 5 janvier, peu après que le comédien Volodymyr Zelensky ait annoncé sa candidature à la présidence, une page Facebook gérée par bbccn.co a ainsi publié une fake news pour ternir la réputation du candidat. L’article en question prétendait que le procureur de l’Ukraine, Yuriy Lutsenko, avait lancé des poursuites pénales contre Zelensky pour avoir planifié de renverser l’ordre constitutionnel. Cet article a suscité plus de 20 000 réactions en ligne. Il est cependant clair que cette rumeur relève d’une manipulation de l’information : aucune action en justice n’avait été entreprise contre le comédien.

Dans la même perspective, un faux site se présentant de façon trompeuse comme celui du candidat Zelensky a été identifié par les fact-checkers. Sur ce site, a notamment été publiée une déclaration inventée selon laquelle Zelensky souhaitait faire du russe la langue officielle de l’Ukraine. Une proposition qui ne figurait nullement dans les intentions du candidat.

 

L’article de DW “Is Ukraine’s presidential election threatened by fake news” revient plus en détail sur ces campagnes de désinformation qui ont tenté de prévenir la victoire du candidat issu de la société civile.

FAKE NEWS & PROPAGANDE

DÉFINITION

La propagande désigne les techniques de persuasion mises en œuvre pour propager une idéologie ou une doctrine et stimuler l’adoption de comportements au sein d’un public-cible. Au cours du XXe siècle, certains régimes ont institutionnalisé la propagande pour manipuler les masses.

 

Aujourd’hui, la propagande est notamment employée par les Etats pour museler la liberté de la presse. Ainsi, dans un rapport de 2017 (lien), l’UNESCO a exprimé son inquiétude concernant les attaques de plus en plus fréquentes dont faisaient l’objet les médias sous la forme de propagande et de fake news. Certains Etats utiliseraient ces techniques de désinformation pour “dénigrer, intimider et menacer les médias, notamment en affirmant que ces derniers représentent l’opposition ou qu’ils profèrent des mensonges”.

 

Cette propagande d’Etat à l’encontre des médias a notamment été observée dans la région des Balkans. Le Courrier des Balkans constate ainsi, que, dans plusieurs pays, “la manipulation des faits est utilisée comme une arme contre les journalistes indépendants, la société civile et les opposants politiques pour les discréditer”.

 

 

ILLUSTRATION : LES FAKES NEWS CONTRE LES JOURNALISTES EN MOLDAVIE

Dans le cadre des élections législatives de 2019 en Moldavie, des hauts fonctionnaires ont contribué à des campagnes de propagande et de désinformation ciblant les médias indépendants. Selon Le Courrier des Balkans ces fake news d’Etat ont touché 54 000 internautes, via des faux comptes sur facebook et instagram.

 

Parmi les cibles de ces fausses nouvelles figurait Cornelia Cozonac, Directrice du Centre de journalisme d’investigation de Moldavie (CIJM), qui traite des affaires de corruption. Des « trolls » ont cloné son compte et posté plusieurs messages en son nom, dans le but de discréditer son travail journalistique. De la même manière, des cyberattaques ont été lancées contre la plateforme web du CIJM, qui publie des enquêtes sur les différents candidats aux élections en Moldavie.

 

La campagne de propagande à même fait réagir la société Facebook, qui a publié un communiqué de presse. Celui-ci expliquait que “les personnes derrière les faux comptes ont essayé de cacher leur identité, mais nos procédures de contrôle ont permis de découvrir qu’une partie de cette activité de désinformation était liée à des employés du gouvernement moldave”.

FAKE NEWS & PANDEMIE

DÉFINITION

La propagation massive de fausses nouvelles qui ont concerné la pandémie du Covid-19 a été telle qu’un terme nouveau a émergé pour désigner ce phénomène de désinformation : “l’infodémie”.

L’infodémie fait ainsi référence à la vague d’informations trompeuses à propos du coronavirus qui a récemment déferlé sur les réseaux sociaux et les moteurs de recherche. Dans le contexte de la crise sanitaire, Tedros Adhanom Ghebreyesus, le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a ainsi déclaré que « les fausses nouvelles liées au Covid-19 se propagent plus rapidement et plus facilement que ce virus et sont tout aussi dangereuses ».

La pandémie s’est accompagnée d’informations fausses, malveillantes, relevant de théories complotistes. Les fake news suivantes ont été particulièrement virales au niveau mondial : Le virus causant le COVID-19 est une arme biologique créée par l’Homme ; Le gouvernement italien empêche les migrants de se faire tester pour le COVID-19 ; La pandémie de COVID-19 a été prédite lors d’une simulation.

 

Dans ce contexte, les médias, les Etats et la communauté internationale ont développé des organismes de fact-checking pour combattre la désinformation autour du virus, et rétablir les vérités scientifiques sur la maladie. Parmi ces opérateurs de la vérification des faits, nous pouvons par exemple citer : Le dispositif de l’Organisation Mondiale de la Santé ; La plateforme NewsGuard ; Le site UE VS Desinfo.

 

 

ILLUSTRATION : LES BALKANS A L’HEURE DU CORONAVIRUS

Les Balkans occidentaux ont été fortement touchés par les fausses informations liées au Covid-19. Une plateforme de Fact-Checking dédiée à vérification des faits s’est en particulier focalisée sur la déconstruction des fake news liées à la pandémie circulant dans la Région : RASKRIKAVANJE.RS.

 

Les exemples pour illustrer la propagation de l’infodémie dans les Balkans sont légion. En Bosnie, notamment, des discours de haine ont vu le jour sur internet. Ainsi, de retour d’un voyage en Italie et testée positive au coronavirus, une femme bosniaque âgée de 51 ans a été victime d’un véritable lynchage sur les réseaux sociaux après la publication d’informations erronées par plusieurs médias, qui racontaient qu’elle avait assisté à un concert et pris les transports en commun (ce qui était faux).

Selon Marija Vučić du site d’investigation Raskrikavanje, « ces publications irresponsables sont très dangereuses dans le contexte actuel, surtout pour les habitants de petites communes. Ils n’osent même pas sortir dans la rue car la population locale les tient responsables de la propagation de la maladie. Cela peut vraiment mettre en danger la sécurité de certains ».

 

Comme l’explique Le Courrier des Balkans, “les tabloïds de la Région ont emboîté le pas aux réseaux sociaux en répandant des informations non vérifiées sur la pandémie”.

 

Le tabloïd Serbe Alo ! (https://www.alo.rs/) a par exemple annoncé de façon erronée que le nombre de personnes infectées diminuait dans le monde. C’est faux : cette tendance n’a été observée que dans un petit nombre de pays. C’est ce type de contenu mensonger qui fait dire à Sandra Bašić Hrvatin, professeure à la Faculté des sciences humaines de Slovénie, que « l’avalanche de fausses informations sur les réseaux sociaux a instauré un climat de méfiance envers la science, les experts et les institutions. Les médias ne devraient pas céder au sensationnalisme, leur rôle devrait plutôt être d’expliquer la nature du virus et d’indiquer les mesures de prévention par le biais d’informations officielles et professionnelles ».

 

MÉCANISMES PSYCHOLOGIQUES ET SOCIAUX DE L’INFODEMIE

Au cours du développement de la pandémie du Covid-19, le monde a vu la montée des théories de conspiration, des fausses nouvelles et des doutes sur la version officielle de l’origine et de la propagation de la maladie, ainsi que sur sa gravité. Une proportion importante des populations, dans les pays gravement touchés comme dans ceux qui le sont moins, a été prise au piège de diverses théories du complot et canulars. Cela n’est pas surprenant étant donné que la maladie n’est pas seulement associée à l’expertise médicale, mais qu’elle déclenche également la dynamique sociale et psychologique associée aux conspirations.

 

Ces théories se développent lorsque les gens tentent de donner un sens à un événement qui, autrement, en semble dénué. Il s’agit d’expliquer ces événements par le biais des théories conspirationnistes.

 

Cette tendance est particulièrement prononcée lorsqu’il existe une dissonance cognitive importante entre la cause et l’effet. Par exemple une pandémie déclenchée par l’infection aléatoire de plusieurs humains par des animaux qui a entraîné des millions de cas et près d’un demi-million de décès dans le monde à la mi-juin 2020.

 

Les théories du complot mettent toujours l’accent sur un complot malveillant souvent mené par un petit groupe de personnes contre le monde ou une nation, ce qui a pour effet de désarmer les individus tout en les dégageant de leur responsabilité.

 

Les conspirations se développent particulièrement lorsque les événements touchent les gens personnellement, comme la pandémie, et lorsque la confiance dans les connaissances établies et dans ceux qui fournissent ces connaissances, comme l’État, la science et les médias, est faible.

FAKE NEWS & ENVIRONNEMENT

DÉFINITION

Le thème de l’environnement est particulièrement ciblé par les fausses nouvelles. Ces fake news sont le plus souvent montées de toutes pièces par le mouvement “climato-sceptique”. Cette mouvance négationniste réfute la réalité du réchauffement climatique, pourtant démontrée depuis plus de 20 ans par la communauté scientifique internationale.

 

Ainsi, concernant l’écologie, les faits scientifiques demeurent aujourd’hui noyés dans un flot ininterrompu de fausses nouvelles et d’approximations. Le propagation virale de ces fake news au sujet de l’environnement est manifeste : on estime que la moitié des informations partagées sur la toile à ce sujet sont fausses, trompeuses ou qu’elles ne reposent sur aucune preuve (source : Stéphane Foucart, ”L’avenir du climat : enquête sur les climato-sceptiques”, 2015).

 

Derrière les campagnes de désinformation liées à l’environnement se trouvent généralement les lobbies industriels ou des Etats qui les défendent. En effet, les entreprises prédominantes (pétrole, automobile, agroalimentaire, ect..) rechignent à la transition écologique, perçue comme un frein à la croissance. Ces forces industrielles influencent alors le débat public, en parant bien souvent leurs discours climato-sceptiques des habits de la science. Organisées en cercles d’influence, elles diffusent dans les médias et auprès des institutions des rapports, des notes, des graphiques qui tendent à remettre en cause l’origine humaine comme l’importance de la crise écologique. Ces théories, diffusées dans l’intention de manipuler, trouvent un écho dans l’opinion, qui ne dispose souvent que d’une faible culture scientifique.

 

Ce courant climato-sceptique trouve des représentants parmi les dirigeants les plus puissants du monde. Ainsi, le président Russe Vladimir Poutine a déclaré que “rien ne prouve que l’activité humaine soit à l’origine du dérèglement climatique”. Son homologue américain Donald Trump va encore plus loin puisque, selon lui, le réchauffement climatique serait une « mascarade ».

 

Face à cette manipulation de l’information, le constat dressé par l’activiste suédoise Greta Thunberg est implacable : “le conspirationnisme, le déni des faits, les mensonges, la haine des enfants qui agissent sur des fondements scientifiques : tout cela parce que certains adultes, terrifiés par le changement, ne veulent absolument pas parler de la crise écologique”.

 

ILLUSTRATION : LES FAKE NEWS RUSSES AUTOUR DE GRETA THUNBERG

La Russie et les médias pro-Kremlin diffusent des allégations mensongères visant à discréditer l’une des figures de proue du mouvement écologique : l’activiste suédoise Greta Thunberg.

 

Ainsi, Argumenty i fakty, un tabloïd russe populaire, a propagé une théorie conspirationniste et antisémite à propos de l’activiste suédoise, affirmant que “les activités de Thunberg sont financées et soutenues par les fondations Open Society de George Soros” mais aussi que “le yacht sans émissions qui a mené Thunberg à New York a été construit sous l’ordre d’un des représentants du clan Rothschild« . Le site web RadioFreeEurope, dans son article “The Russian Bear Is Spooked By Greta The Eco-Activist” (lien), revient plus en détail sur ces théories du complot qui visent la jeune icône du mouvement écologiste.

 

MÉCANISME DES FAKE NEWS CLIMATO-SCEPTIQUES

Les climatosceptiques remettent en cause l’existence, les causes et les conséquences du réchauffement climatique. S’ils sont accusés de diffuser des fake news, ils continuent d’imprégner le débat public (médias, politique, éducation…) et influencent le traitement de la crise écologique. Ils diffusent plusieurs types de fake news sur le thème de l’environnement :

  1. Celles visant à disqualifier la crédibilité d’un interlocuteur ou d’un média pro-environnement
  2. Celles qui tentent de désinformer, en cachant ou interprétant le contexte d’un événement lié au climat
  3. Celles consistant à cadrer un fait de manière réductrice. Il s’agit par exemple de parler de la crise environnementale en ne prenant qu’un critère, comme le réchauffement climatique, sans parler de la biodiversité et des interdépendances (océans, atmosphère, biodiversité, climat, eau…).

FAKE NEWS & HISTOIRE

DÉFINITION

La notion d’’histoire officielle, qui met en jeu les fondements mêmes de l’historiographie, est liée avec le concept de manipulation des faits, et donc avec les “fausses nouvelles”.

 

L’histoire officielle, en tant que « mémoire collective » ou « mémoire nationale », est le récit historique sur lequel une nation se forge son passé. Cette histoire officielle navigue entre les faits, le mensonge et le mythe. Selon Pierre Nora, deux vecteurs contribuent à l’émergence d’une histoire officielle : les programmes d’enseignement scolaire et les rites politiques (commémorations, monuments, lieux de mémoire, …)2. Si les histoires officielles soudent les nations, elles contribuent aussi à renforcer les mouvements nationalistes belliqueux.

 

Par exemple, l’histoire officielle d’Israël alléguait jusque dans les années 1980 que la création de l’Etat Juif en 1948 était le fruit d’une guerre héroïque de David (la communauté juive) contre Goliath (les communautés arabes). Cette version officielle a été revisitée par la suite par les nouveaux historiens, qui ont souligné que la réalité historique était beaucoup plus nuancée, et que la guerre de 1948 avait notamment entraînée l’expulsion des populations arabes du territoire.

 

Une autre forme d’interprétation de l’histoire est à mettre en relation avec les fake news : le négationnisme. Cette mouvance idéologique considère que l’histoire de la Shoah ou du génocide arménien ne serait que le résultat d’une doxa fallacieuse qui rapporterait de façon mensongère des événements qui ne se seraient jamais produits. En contestant l’existence même des chambres à gaz, les négationnistes s’inscrivent en port à faux avec la plus grande partie des historiens. C’est d’ailleurs en cela que le négationnisme n’utilise pas la méthode scientifique et que l’on peut plus l’associer à une théorie du complot.

Le négationnisme encore récemment fait la une de l’actualité, tandis que des survivants de l’Holocauste ont appelé Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, à retirer les contenus révisionnistes qui sont partagés sur le réseau social.

 

ILLUSTRATION : LA RHÉTORIQUE HÉGÉMONIQUE DE L’OUEST SUR LES BALKANS

L’historienne Maria Torodova a analysé la découverte des Balkans par les occidentaux et le développement du « balkanisme », et la rhétorique hégémonique de l’Ouest sur son alter ego oriental[1]. La chercheuse démontre que les occidentaux ont développé un “mythe historique”, assimilable à une fausse nouvelle, ou à un discours de haine, qui s’est ancré dans les médias et les esprits de la civilisation occidentale. D’après cette rhétorique initiée par les voyageurs européens depuis la fin du XVIII e siècle, les Balkans seraient totalement « différents », au sens d’exotique, ou bien de « non civilisés » et de « barbare ». Selon cette vision, les populations des Balkans seraient caractérisées par « la cruauté, la brutalité, l’instabilité, l’imprévisibilité »[2].

 

À la suite des guerres balkaniques et de la Première guerre mondiale, c’est ce stéréotype qui a conduit à l’invention du néologisme « balkanisation ». Puis, au cours des années 1990, la guerre en Yougoslavie lui a redonné vie et force. Cette guerre a en effet vu se développer en occident une nouvelle vague de caricatures ou de fausses nouvelles à propos des Balkans, prétendant notamment que les Serbes « jouent au football avec des têtes coupées », selon les mots du ministre de la défense allemand, repris par les médias (Le Monde diplomatique, Avril 2019) ; Les Serbes auraient également incinéré leurs victimes dans des « fourneaux, du genre de ceux utilisés à Auschwitz » (The Daily Mirror, 7 juillet).

 

Une à une, ces fausses informations seront déconstruites — mais après la fin du conflit —, notamment par l’enquête du journaliste américain Daniel Pearl (The Wall Street Journal, 31 décembre 1999).

 

  1. Milica Bakic-Hayden and Robert M. Hayden, « Orientalist Variations on the Theme ‘Balkans’ : Symbolic Geography in Recent Yugoslav Cultural Politics », Slavic Review 51 (Spring 1992), p. 1-15.

  2. Maria Todorova, op. cit., p. 119.

 

FAKE NEWS & SCIENCES

DÉFINITION

Aujourd’hui, la science et sa méthode de démonstration logique sont remises en cause dans le contexte de propagation des fausses nouvelles sur internet. Ces fake news attaquent et créent la confusion autour des principaux consensus scientifiques, aussi bien dans les domaines de l’environnement, que de la santé et de l’alimentation.

 

Internet est aujourd’hui devenu l’eldorado des producteurs de fake news, qui profitent de l’instantanéité de la toile pour proposer des contenus ne reposant sur aucun fondement scientifique. Il s’agit aussi bien des lobbies industriels, que des théoriciens du complot, en passant par les arnaqueurs promettant de vendre des « solutions thérapeutiques miracles ». Autant de manipulateurs d’informations qui instrumentalisent les peurs et le manque de culture scientifique de la population. Et cette démagogie est d’autant plus pernicieuse que les fausses nouvelles sont souvent reprises – volontairement ou non – par les responsables politiques et les médias. Nous entrons ainsi dans une ère de la post-vérité, où il devient très difficile de discerner le vrai du faux, l’opinion des faits, l’information scientifique de sa manipulation.

 

 

ILLUSTRATION : LA 5G A T-ELLE DÉTRUIT DES ARBRES EN SERBIE ?

 

Si l’on en croit cette photo prise dans la ville d’Aleksinac en Serbie et postée sur le groupe Facebook Udruženi građani Srbije : “des arbres ont été abattus à cause de la 5G”. Cette photo est également apparue sur d’autres groupes en Serbie, comme le groupe Facebook “STOP 5G mreži u Srbiji”.

 

Cette “nouvelle” est pourtant mensongère. Selon le site Raskrikavanje.rs qui a débunké la fausse nouvelle, ces arbres n’ont pas été détruits à cause de la 5G. Cette photo a en réalité été prise lors de la rénovation d’une rue dans le cadre de travaux municipaux dans la ville de d’Aleksinac en Serbie. A l’heure actuelle, aucune étude ne prouve que la 5G est nocive pour notre santé et celle de la planète.

 

La 5G est également source d’une théorie du complot établissant un lien entre cette technologie et la pandémie du Covid-19. Cette conspiration, massive à l’échelle mondiale, allègue qu’il existe un lien entre le déploiement de la technologie 5G et l’émergence du virus. Si certains posts sur Facebook se contentent d’établir une connexion entre la 5G et la maladie, d’autres estiment que la technologie sert à « activer un virus produit dans un laboratoire de Wuhan« , ou voient dans cette pandémie un « prétexte pour développer un vaccin mortel qui sera activé par les radiations 5G« . Tous ces récits sont évolutifs. Ils partent d’un imaginaire commun mais ont varié, au fil de leurs partages dans le monde entier.

 

Des chercheurs de l’Université de technologie du Queensland en Australie ont déroulé le fil de la propagation de cette théorie, depuis le mois de janvier, jusqu’au 12 avril 2020. Après analyse, les chercheurs ont pu montrer l’évolution de la rumeur depuis ses origines dans des groupes conspirationnistes préexistants à portée limitée jusqu’à son amplification par des célébrités, des stars du sport et des médias, en passant par une plus grande diffusion dans des communautés plus diverses.

 

L’Organisation Mondiale de la santé, par l’intermédiaire de son dispositif de fact checking créé pour lutter contre les fausses nouvelles entourant le Covid-19, met en garde l’opinion publique contre la rumeur. Il dément et déconstruit la conspiration en expliquant : “les virus ne circulent pas sur les ondes radio ou par les réseaux mobiles. Le COVID-19 se propage dans de nombreux pays qui n’ont pas de réseau mobile 5G. Le COVID-19 se propage par les gouttelettes respiratoires projetées lorsqu’une personne infectée tousse, éternue ou parle. On peut aussi être infecté en touchant une surface contaminée, puis ses yeux, sa bouche ou son nez” (source : Coronavirus disease advice for the public: Mythbusters).

FAKE NEWS & MINORITES

DÉFINITION

Les discours de haine en ligne stigmatisent l’origine, la couleur de peau, le sexe, l’orientation sexuelle, l’appartenance religieuse ou la vision du monde d’une minorité, afin de cristalliser autour d’elle l’hostilité et les discriminations. Internet contribue à la propagation massive de ces discours de haine en favorisant la désinhibition grâce à l’absence de confrontation directe ; Ainsi, en ligne, les contenus haineux reçoivent plus d’attention et sont davantage diffusés.

 

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les questions relatives aux minorités souligne dans un communiqué de presse en date du 27 février 2020 que ces dix dernières années, le sectarisme et les discours de haine véhiculés sur les plateformes numériques ont contribué à la montée des groupes extrémistes violents et à une augmentation des crimes à l’encontre des minorités religieuses et ethniques, y compris des migrants. L’expert analyse également que plus les discours de haine se répandent sur les réseaux sociaux, plus ils s’intègrent au courant de pensée dominant et créent un environnement plus permissif pour les violences à l’encontre des communautés minoritaires.

 

ILLUSTRATION : UNE FAKE NEWS SUR LES MIGRANTS EN BOSNIE-HERZÉGOVINE

“Des migrants auraient attaqué un mineur près de la gare de Sarajevo”. Cette rumeur a été reprise par quasiment tous les médias de Bosnie-Herzégovine en 2019.

 

Cependant l’enquête de la police de Sarajevo a démontré que cette rumeur relevait d’une manipulation de l’information visant à attiser la haine entre les communautés du pays.

Ce discours de haine mensonger a d’abord émergé lorsque l’un des sites les plus visités du pays, Klix.ba, a annoncé la nouvelle de l’agression présumée d’un jeune homme de 17 ans à Sarajevo par des migrants, en légende d’une photo sur laquelle apparaissait une personne mise à tabac dans un passage sombre. Pourtant, suite à une enquête, la police a non seulement établi que l’attaque n’avait pas été le fait de « migrants », mais qu’elle n’avait pas eu lieu là où le site l’avait initialement indiqué, près de la gare ferroviaire.

 

Cette stigmatisation des migrants par le biais de fausses nouvelles est courante dans les balkans, et se retrouve aussi bien dans les journaux que sur les réseaux sociaux.

FAKE NEWS & FACT CHECKING

DÉFINITION

La vérification des faits (fact-checking) est une technique consistant à vérifier en temps réel la véracité des faits et l’exactitude des chiffres présentés dans les médias par des personnalités politiques et des experts. Le fact checking permet d’autre part d’évaluer le niveau d’objectivité des médias dans leur traitement de l’information.

 

Le fact-checking est devenu une pratique omniprésente ces dernières années, en apparaissant comme un levier pour lutter contre la propagation des fake news. La vérification des faits s’avère indispensable face au développement exponentiel des technologies numériques et des réseaux sociaux ; En effet, devant le raz-de-marée des publications générées par les utilisateurs (chaque minute, 350.000 tweets sont postés sur Twitter), le fact-checking permettrait de discerner le vrai du faux.

 

Aujourd’hui la pratique du fact-checking s’est démocratisée grâce à des logiciels aidant les particuliers à vérifier les faits. Elle s’est même automatisée avec l’apparition en 2013 de robots conçus pour la pratiquer sans intervention humaine. Et dans la mesure où la majorité des fake news, “fermes à trolls” et canulars sont diffusées sur les réseaux sociaux, les géants du numérique comme Facebook ont également recours au fact checking depuis 2016.

 

L’une des premières plateformes de fact checking au niveau mondial est l’ONG Science Feedback, qui est, notamment, membre de l’International Fact-checking Network mais aussi du programme “Vaccine Safety Net” de l’Organisation Mondiale de la Santé. L’ambition de la plateforme est de conférer un rôle de premier plan aux scientifiques dans la lutte contre la désinformation. La mission de l’organisation est d’œuvrer à l’avènement d’un Internet où les utilisateurs accèdent aisément à des informations scientifiques fiables, en particulier dans le domaine de la santé et du climat, deux enjeux de société urgents qui drainent un flux ininterrompu de fausses nouvelles. Afin d’y parvenir, l’ONG anime une communauté de 400 scientifiques qui appliquent une méthode rigoureuse de vérification des articles les plus populaires. Aujourd’hui les deux sites de publication de Science Feedback (Climate feedback & Health Feedback) totalisent 1,8 millions de pages vues sur la période 2018 –2020.

 

 

ILLUSTRATION : LE FACT CHECKING DANS LES BALKANS

Un rapport du Conseil de l’Europe sur l’environnement médiatique des Balkans souligne que la Région est massivement confrontée “aux fake news, discours de haine et aux pièges à clics qui ont pour conséquence une forte baisse de la confiance de la population dans les médias”.

 

Le Centre pour la transition démocratique (CDT) confirme la prégnance des fake news : après avoir analysé plus de 500 articles de 200 médias régionaux, l’organisme conclut que quasiment tous les médias en ligne ont au moins publié au moins une fake news dans les 6 derniers mois.

 

La Région compte 4 principaux organismes de fact checking, en Bosnie-Herzégovine, au Monténégro, en Macédoine du Nord et en Serbie :

1. Raskrinkavanje.ba

2. Raskrinkavanje.me

3. Metamorphosis Fondation

4. Istinomer

 

Ces 4 organismes ont intensifié leurs enquêtes et leur collaboration dans le cadre de la vague de fausses nouvelles qui a déferlé lors de la pandémie du Covid-19. Ils font désormais ensemble partie du programme de Facebook pour la vérification des faits et la lutte contre la désinformation. Dans le cadre de ce programme – comptant 70 organisations de fact checking certifiées à travers le monde – les articles identifiés comme faux sont relégués par Facebook au plus bas des fils d’actualités. Cette technique réduit les futures consultations des fausses nouvelles de plus de 80 % en moyenne.