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FAKE NEWS & POLITIQUE

DÉFINITION

Les fausses informations à caractère politique sont “des allégations trompeuses, de nature à altérer la sincérité d’une élection, diffusées massivement de manière délibérée, artificielle ou automatisée par le biais d’un service de communication en ligne”. On parle de “campagne de désinformation” lorsque la diffusion massive de fake news traduit, en raison de son ampleur, la volonté de porter atteinte au bon déroulement d’un scrutin de manière à déstabiliser le régime en place, en surfant sur les peurs, le nationalisme et l’autoritarisme.

 

L’émergence de ces méthodes d’intrusion est intimement liée à la montée en puissance des plateformes numériques, qui permettent de diffuser des fausses nouvelles sur tel ou tel candidat avec une grande viralité, et avec un impact non négligeable sur l’opinion publique.

 

Toutes virtuelles qu’elles puissent paraître, les fake news à caractère politique ont des impacts bien réels. Elles ont notamment ces dernières années déstabilisé les processus électoraux de plusieurs pays.

 

C’est pourquoi les plateformes numériques, les Etats et la communauté internationale prennent des mesures de plus en plus sérieuses pour tenter de prévenir ces campagnes de désinformation, à travers, notamment, la régulation des réseaux sociaux et le renforcement de l’arsenal législatif.

 

 

ILLUSTRATION : LES USINES A FAKE NEWS EN MACEDOINE

Au cours de la campagne présidentielle américaine de 2016, la ville de Vélès, en Macédoine, est devenue “la capitale mondiale des fausses nouvelles”. En effet, sous l’influence de puissances étatiques, une centaine de jeunes macédoniens ont été enrôlés dans de véritables “usines à fake news”, dont l’objet était de déverser sur l’opinion publique américaine, via internet, un flot ininterrompu de fausses nouvelles pour faire gagner le candidat Donald Trump.

 

Ces jeunes ont gagné près de 10 000 euros par mois pour créer de faux comptes et inventer des articles de toutes pièces. L’une des fake news les plus courantes était de décrédibiliser la candidate démocrate, Hillary Clinton, en faisant circuler des rumeurs pour ternir son image. L’ allégation mensongère selon laquelle “Barack Obama a financé la campagne d’Hillary Clinton avec des fonds volés aux vétérans”, pilotée depuis Vélès, est ainsi devenue particulièrement virale aux Etats-Unis.

 

Le site web “The fake news machine : inside a town gearing up for 2020” documente et analyse les centaines de pages internet créées à Vélès et qui avaient pour principal objectif de contribuer par la manipulation de l’information à la victoire du candidat républicain.

 

Selon Xhelal Neziri, du “Centre pour le Journalisme d’Investigation en Macédoine” (Scoop), les activités des usines à fake news de Vélès étaient téléguidées par l’ancien parti nationaliste au pouvoir dans le pays. « Notre enquête montre que cette opération a été coordonnée par le précédent gouvernement. Une plateforme de jeunes qui publiait déjà des articles mensongers dans le domaine de la santé a été utilisée pour relayer des opinions politiques lors des élections parlementaires macédoniennes, puis lors de la présidentielle américaine » explique t-il (source : “Veles, capitale mondiale des fake news, RFI” – lien).

 

 

ILLUSTRATION : LES FAKE NEWS DÉSTABILISENT LES ÉLECTIONS EN UKRAINE

La campagne présidentielle ukrainienne de mars 2019, qui a consacré la victoire du comédien Volodymyr Zelensky – considéré comme pro-occidental – a été marquée par des campagnes de désinformation visant à discréditer ce candidat.

 

Ainsi, selon le média international DW (lien), “les fausses nouvelles en langue russe ont dévoré le paysage médiatique du pays” au cours de la période électorale. DW estime que les faux articles les plus populaires ont été diffusés sur des comptes facebook comptant jusqu’à 2 millions de membres.

 

Le 5 janvier, peu après que le comédien Volodymyr Zelensky ait annoncé sa candidature à la présidence, une page Facebook gérée par bbccn.co a ainsi publié une fake news pour ternir la réputation du candidat. L’article en question prétendait que le procureur de l’Ukraine, Yuriy Lutsenko, avait lancé des poursuites pénales contre Zelensky pour avoir planifié de renverser l’ordre constitutionnel. Cet article a suscité plus de 20 000 réactions en ligne. Il est cependant clair que cette rumeur relève d’une manipulation de l’information : aucune action en justice n’avait été entreprise contre le comédien.

Dans la même perspective, un faux site se présentant de façon trompeuse comme celui du candidat Zelensky a été identifié par les fact-checkers. Sur ce site, a notamment été publiée une déclaration inventée selon laquelle Zelensky souhaitait faire du russe la langue officielle de l’Ukraine. Une proposition qui ne figurait nullement dans les intentions du candidat.

 

L’article de DW “Is Ukraine’s presidential election threatened by fake news” revient plus en détail sur ces campagnes de désinformation qui ont tenté de prévenir la victoire du candidat issu de la société civile.