CHAPITRE 2 – OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES DE LA FORMATION

DÉFINITION DE L’ÉDUCATION AUX MÉDIAS

Selon la définition consacrée par l’UNESCO, l’éducation aux médias a pour finalité de rendre chaque citoyen actif, autonome et critique envers tout document ou dispositif médiatique dont il est destinataire ou usager. Cette discipline concerne tous les médias imprimés, audiovisuels ou électroniques, quels que soient leurs supports technologiques (presse écrite, radio, cinéma, TV, médias en ligne, réseaux sociaux, plateformes numériques). Elle ne se limite à aucun genre médiatique et couvre par conséquent tout l’éventail des communications: informatives, persuasives, divertissantes ou conviviales.

 

Toujours selon l’UNESCO, l’éducation aux médias doit permettre à chaque citoyen de s’approprier les langages médiatiques et se former aux outils d’interprétation, d’expression et de communication par les médias. En ce sens, l’éducation aux médias prépare les individus à être des citoyens responsables, capables de contribuer au développement d’une société démocratique.

 

Ainsi, il apparaît que l’éducation aux médias est intimement liée à l’éducation à la citoyenneté. Les usages médiatiques des jeunes – futurs citoyens – conditionnent en effet en grande partie leur rapport à la société, à la liberté d’expression et à la culture. C’est pourquoi l’éducation aux médias permet de questionner les stéréotypes, les pièges du discours, des préjugés ou l’interprétation des messages. In fine, la discipline vise à inspirer fertilement les formateurs et les jeunes dans le développement des compétences clés pour saisir les enjeux contemporains et se positionner comme citoyen actif, critique, créatif et solidaire.

 

Mais c’est peut-être les élèves eux-même qui définissent le mieux l’éducation aux médias. Ainsi, une classe bénéficiaire d’un programme EMI au Lycée Pierre de Coubertin en France, a proposé la synthèse suivante de son apprentissage : « Nous vivons dans une société où l’écho du monde est instantané et bien souvent erroné. Tout va très vite, parfois trop. Du fait de la rapidité de diffusion des réseaux sociaux, le fossé se creuse entre les médias traditionnels et la population. Nous, les jeunes, hyper-connectés, sommes généralement les premiers à recevoir puis relayer l’information. C’est donc nous qui devons apprendre à décoder les médias et les infos. C’est donc nous qu’il faut éduquer aux médias »

 

 

OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES DE L’ÉDUCATION AUX MÉDIAS

Les compétences à acquérir par les jeunes

 

L’ UNESCO a définit les 6 compétences clés que chaque jeune doit acquérir grâce à l’éducation aux médias :

  1. Comprendre le travail des journalistes et le fonctionnement des médias
  2. Savoir accéder à une information fiable et identifier ses sources
  3. Développer son esprit critique et sa capacité à décrypter l’information
  4. Se prémunir contre les fausses nouvelles, le complotisme et les discours de haine
  5. Maîtriser les outils numériques de façon raisonnée et responsable
  6. Comprendre les enjeux de société pour faire des choix démocratiques éclairés

 

 

Les compétences à acquérir par les formateurs

La formation des formateurs à l’éducation aux médias, vise, par conséquent, les objectifs pédagogiques suivants :

  1. Comprendre comment l’EMI peut permettre aux citoyens de devenir plus actifs, autonomes et critiques vis à vis des médias et aux autres supports de communication auxquels ils sont exposés
  2. Comprendre comment l’EMI permet de questionner les stéréotypes, les pièges du discours, des préjugés ou l’interprétation des messages.
  3. Assimiler le fait que l’EMI peut inspirer les jeunes d’horizons divers à saisir les enjeux contemporains et leur permettre de se positionner comme citoyens actifs, critiques, créatifs et solidaires
  4. Comprendre l’évolution du paysage médiatique, de savoir aborder la question des médias avec les jeunes et savoir sensibiliser à l’usage responsable et éclairé des “nouveaux médias”
  5. Acquérir les connaissances pédagogiques nécessaires pour pratiquer l’EMI (lignes directrices, concepts clés et évolution de la discipline) en s’adaptant au public jeune en particulier
  6. Déployer des activités pratiques engageantes spécifiques à l’EMI, afin de faciliter l’acquisition des compétences par les jeunes et le développement d’exercices positifs sur le développement de l’expression citoyenne (campagnes médiatiques en ligne par exemple)

CHAPITRE 14 – LA CITOYENNETÉ NUMÉRIQUE

Qu’est-ce que la citoyenneté numérique ?

Difficile voire impossible de se passer d’internet aujourd’hui aussi bien dans notre vie professionnelle que personnelle. Si internet est partout, il convient d’apprendre à l’utiliser de la meilleure manière possible, et cela passe par un plus grand contrôle et une meilleure compréhension de notre vie numérique.

 

Définition : La citoyenneté numérique désigne la façon dont les internautes se comportent et interagissent en ligne. Il s’agit essentiellement du comportement que nous adoptons lors de nos échanges en ligne avec les autres utilisateurs sur des sujets sensibles à caractère social ou politique. Les droits et les devoirs que nous avons dans la vie réelle sont identiques sur Internet. Notre comportement et nos interactions définissent aussi la façon dont les autres nous perçoivent sur Internet. Toutefois, la façon dont nous interagissons en ligne ne se limite pas à notre comportement ou à nos publications, cela concerne également la façon dont nous protégeons notre vie privée, qu’il s’agisse de nos mots de passe, de notre localisation ou de notre passé en ligne.

 

Ainsi la citoyenneté numérique nous invite aussi à avoir un regard critique sur notre rapport à internet et sur notre manière de s’en servir, et notamment au regard des informations personnelles que l’on partage, parfois sans le savoir.

 

 

Les bonnes pratiques numériques

Définition : Le terme de “bonne pratiques” fait à la fois référence à la façon dont nous devrions nous comporter pour faire d’internet un espace de liberté et de respect mutuel mais aussi aux règles que les sites et applications nous imposent de respecter. En effet de nombreux sites et services Web imposent des règles qui définissent la conduite à tenir et le droit des utilisateurs.

 

Exemple : L’application web Twitter, propose plusieurs conseils pour l’utilisation de ses outils : “Pensez à ce que vous tweetez : C’est vous qui contrôlez le contenu partagé sur Twitter ou tout autre site Web. Ne publiez jamais d’informations considérées comme confidentielles, et pesez le pour et le contre avant de partager publiquement votre localisation. Méfiez‑vous des communications qui vous demandent vos coordonnées, données personnelles ou mots de passe. Si vous avez un doute avant de tweeter, nous vous conseillons de vous poser les questions suivantes : Avec qui mes informations sont‑elles partagées ? Quel type et quelle quantité d’informations suis‑je sur le point de partager ? À combien d’utilisateurs mes informations sont‑elles accessibles ? Puis‑je me fier à l’ensemble des personnes qui disposent d’un accès à ces informations ?”

 

Mais l’application impose aussi certaines règles essentielles :

 

Violence : il est interdit de menacer de recourir à la violence contre une personne ou un groupe de personnes. Nous interdisons également toute apologie de la violence. Conduite haineuse : il est interdit de menacer d’autres personnes, de les harceler et d’inciter à la violence envers elles sur la base de critères de race, d’origine ethnique, de nationalité, de caste, d’orientation sexuelle, de sexe, d’identité sexuelle, d’appartenance religieuse, d’âge, de handicap ou de maladie grave.”

 

Il est donc utile de rappeler le plus souvent possible que nos comportements virtuels ont un impact réel sur les individus, et que le harcèlement en ligne par exemple peut conduire à des tragédies dans la vie réelle.

 

D’autre part, internet représente aujourd’hui un véritable instrument pour les citoyens. Il rend possible une citoyenneté mieux informée et une démocratie plus participative, ainsi qu’un accès à l’information beaucoup plus fluide. C’est un instrument qui permet le débat d’idées, la communication, et qui peut être utilisé pour dénoncer des dangers ou des risques pour toute la société, comme dans le cas des « lanceurs d’alerte » qui utilisent internet pour dénoncer la corruption ou des atteintes aux libertés (voir le film/documentaire “Citizenfour” de 2014 sur l’affaire Snowden).

 

Garder une empreinte numérique et un esprit positif

Définition : L’empreinte numérique est l’ensemble des informations qui existent sur Internet suite à notre activité en ligne. C’est une image de nous, construite à partir de notre comportement, de nos publications et de nos choix personnels.

 

Il est donc important de garder autant que possible une empreinte numérique positive ! On peut rédiger un blog sur un sujet spécifique, partager les talents ou filmer un tutoriel vidéo, récolter de l’argent pour une œuvre caritative ou participer à l’organisation d’événements. La liste des solutions pour transformer notre empreinte numérique de façon positive est infinie !

CHAPITRE 13 – POUR UN USAGE CITOYEN DES MÉDIAS

Qu’est-ce qu’un média citoyen ?

Définition : Dans « média citoyen » on trouve les mots « média » et « citoyen ». En effet, il s’agit de médias, c’est-à-dire de supports (radio, TV, internet, etc.) à travers lequel on véhicule des informations à un large public. Parallèlement, on emploie l’adjectif « citoyen », puisque les auteurs de ces articles et de ces enquêtes ne sont pas des journalistes professionnels mais des citoyens lambda qui ont comme but d’animer des débats sur des questions spécifiques ou de problèmes concernant la société toute entière.

 

Par conséquent, le lecteur abandonne sa posture purement passive et s’implique dans la construction et la diffusion de l’information. La participation est donc un élément très important dans les médias citoyens. A travers des radios (en ligne ou pas) mais aussi des blogs, des vlogs (blog dont le principal outil est la vidéo), des podcasts, etc.. Ainsi de simples citoyens, des chercheurs ou des professionnels du monde associatif peuvent prendre la parole et toucher un public vaste.

 

Exemple : En Albanie, le blog comme engagement citoyen : créé en 2007, par Ardian Vehbiu, le blog “Peizazhe të Fjalës” (Paysage de la parole), se présente comme un espace à part et indépendant, un modèle durable dans un paysage médiatique albanais confronté à des transformations rapides, à la réduction progressive des ressources financières, à une baisse de crédibilité et à une politisation importante. D’après son auteur, “Le blog s’est voulu dès le départ comme un « sanctuaire » de la libre pensée albanaise, protégée des intimidations, culpabilisations, humiliations, stigmatisations, procès, réquisitoires, « assourdissements de la majorité » et autres formes contemporaines de censure dans le discours public”.

 

 

L’engagement via les réseaux sociaux

Les réseaux sociaux ont également transformé la circulation de l’information, traditionnellement verticale et descendante en une transmission plus horizontale. Chacun peut produire du contenu et le diffuser au sein de son propre réseau mais aussi en dehors de ce dernier. Cette prise de parole n’est pas simplement virtuelle, mais se fait souvent en parallèle ou en amont des mobilisations concrètes sur le terrain. Dans le cadre des révolutions arabes, par exemple, les réseaux sociaux ont joué un rôle indéniable, mais les changements politiques se sont produits grâce aux mouvements sociaux (manifestations, blocages, etc.). Les réseaux sociaux permettent une rapide circulation de l’information et des idées, mais les changements à l’échelle sociale se produisent lorsque cet engagement rencontre la réalité physique du terrain.

 

Exemple : En Serbie, le cas du mouvement #1of5million apparu fin 2018 a su tirer profit des nouvelles technologies et des moyens de communication modernes en mobilisant les citoyens grâce au partage de contenus en ligne et aux échanges d’informations via les réseaux sociaux. Ainsi le mouvement a rapidement acquis un vaste public et Twitter et Facebook ont permis la création de groupes de débat et la mobilisation des masses de personne contre les dérives autoritaires du système politique et pour la liberté d’expression.

 

 

Risques et pièges

Il faut garder en tête que le journalisme est un métier qui implique des compétences spécifiques ainsi que le respect de la déontologie. Pourtant chacun peut se former au journalisme, notamment grâce aux dialogues entre les journalistes professionnels et les amateurs. Ce partage de connaissances permet de faire en sorte que les médias citoyens deviennent de vraies sources alternatives et fiables.

 

La facilité avec laquelle, aujourd’hui, chacun peut assumer le rôle de journaliste amateur, expose aussi à quelques risques. Des producteurs d’information peuvent parfois ignorer les normes fondamentales de la déontologie journalistique et diffuser des informations incorrectes voire, parfois, complètement manipulées.

 

Média citoyen, chaîne de télévisions, presse écrite ou encore réseaux sociaux, la quantité et la variété d’informations disponibles aujourd’hui sont plus que jamais une richesse qui demande de conserver un esprit critique à l’égard de toutes ces sources d’informations.

 

En outre, internet est un espace de liberté mais aussi un espace d’échanges économiques. Les logiques de marketing envahissent à la fois internet et les réseaux sociaux, et l’information devient aussi une source de profit.

 

La circulation de certaines informations (notamment celles qui ont un impact émotionnel sur les lecteurs) peut être aussi une source de profit dans un système financé par les annonceurs et la publicité. Ce phénomène de “ClickBait” (appât à cliques) s’observe de plus en plus et incite les internautes à cliquer sur un lien et à visiter un site internet pour lire un article. L’auteur de l’article et du site en question est en fait rémunéré par la publicité disponible sur son site et par rapport au nombre de vues qu’il accumule. Cela représente aussi une source de risque car de fausses croyances peuvent se diffuser dans le but d’attirer les internautes.

CHAPITRE 12 – SENSIBILISER CONTRE LA HAINE EN LIGNE

Théories du complot

Bien qu’il ne s’agisse pas d’un phénomène réellement nouveau, les théories du complot connaissent depuis quelques années un fort succès, notamment à travers leur diffusion sur les réseau sociaux et plus largement sur internet.

 

Définition : Une théorie du complot est un récit ou discours théorique qui semble cohérent et « logique », et qui cherche à démontrer, à révéler l’existence d’un petit groupe de gens puissants qui planifient en secret des actions illégales et/ou néfastes affectant le cours des événements ou cherchant à dominer le monde.

 

La théorie du complot se distingue de la fausse information dans le sens où elle relève d’un ensemble structuré d’hypothèses et d’arguments manipulés pour alimenter une théorie en particulier. La fausse information sert parfois l’argumentaire complotiste, mais elle n’est pas toujours en lien avec une théorie.

 

Les médias et les fausses informations jouent cependant un rôle crucial dans l’ampleur du phénomène. D’une part la méfiance, voire la défiance envers les médias amplifie la croyance et le crédit accordé aux théories du complot, d’autant plus dans les pays où les médias sont perçus comme corrompus ou à la botte du système politique. Et d’autre part, les fausses informations utilisent les mêmes mécanismes que les théories du complot (utilisation de la peur, manipulation des faits etc.), et portent souvent sur les mêmes sujets.

 

Quelques exemples de théories du complot les plus connues :

 

– Les Illuminati serait une société secrète dont feraient partie les personnalités les plus puissantes de ce monde

– La terre ne serait pas ronde mais plate

– L’homme ne seraient jamais allé sur la lune

– La Yougoslavie a éclaté à cause d’un complot entre l’Allemagne et le Vatican. Il existe aussi des théories du complots plus ponctuelles comme celles sur la 5G, le coronavirus ou les vaccins.

 

 

Discours de haine et modération des contenus haineux

Les Théories du complot sont un élément central dans notre rapport à l’information et à la société. Elles sont à mi-chemin entre les préjugés, les considérations politiques, les croyances, et elles peuvent également être intimement liées à des discours de haine. Ainsi, leur diffusion peut rapidement créer un environnement conflictuel. C’est par exemple le cas des théories du complot sur un complot Juif à l’échelle mondiale.

 

Définition : Lorsque que l’on parle de discours de haine, on fait référence à une expression de la haine qui peut être incarnée par une phrase, un texte, un son ou une image exprimant un rejet de l’autre, et qui pourra heurter, encourageant ainsi à développer un sentiment de haine. Lorsque cette expression de la haine est rendue publique, cela peut également inciter les témoins de cette expression, à éprouver de la haine pour les uns ou pour les autres, à choisir un camp, et inciter parfois à exprimer à nouveau de la haine avec un niveau de violence similaire ou aggravé par l’effet de groupe. On parle alors d’incitation à la haine.

 

Basée sur des stéréotypes ou des fausses croyances, ces contenus, couplés à l’absence d’esprit critique, mènent à des discours de rupture et à de la violence, en mettant en avant l’existence d’une communauté bouc émissaire, responsable et coupable et nourrissant alors les amalgames et un sentiment de paranoïa.

 

Exemple : Les populations issues de la communauté Rom sont souvent visées par la discrimination et les préjugés les décrivants comme malhonnêtes ou voleurs, les empêchant ainsi d’accéder à des emplois qualifiés. Les Roms sont deux fois plus exposés au chômage que les autres habitants, et ils sont encore nombreux à vivre dans des zones où les logements ne disposent pas d’eau courante.

 

Modérer certains contenus trop haineux, notamment sur les réseaux sociaux, tout en proposant une éducation à la citoyenneté et aux médias et au numérique plus inclusifs peut permettre de limiter cette pente glissante qui mène à la violence physique ou morale.

 

Définition : La modération consiste à supprimer, censurer ou même punir les auteurs de contenus haineux afin de prévenir leur diffusion. Il peut s’agir d’un commentaire violent sous une publication, un partage d’article, de vidéo, de photo ou d’infographie stigmatisant telle ou telle catégorie de personnes, ou encore d’un échange privé par email ou par messagerie instantanée.

 

 

Lutter contre le conspirationnisme

Définition : Le conspirationnisme désigne la tendance à présenter abusivement les évènements ou les phénomènes comme étant la conséquence d’un complot organisé. C’est un mode de pensée ou une attitude qui nie les explications habituellement admises des faits pour les remplacer par l’existence d’une conspiration ayant un objectif inavoué et obscur.

 

Les conséquences du conspirationnisme :

 

  • Génère des discours de haine
  • Crée de l’adhésion à des théories non prouvées
  • Enferme dans une logique de méfiance et de fausse croyance, limitant ainsi les débats d’idées.
  • Peut rendre plus difficiles les démarches de contre-pouvoir tentant de mettre au jour les vraies malversations politiques ou les conflits d’intérêt qui peuvent exister.

 

Les moyens pour limiter le conspirationnisme :

 

  1. Par la régulation et la limitation des contenus haineux et des fausses informations (fact-checking, responsabilité des plateformes de réseaux sociaux etc.).
  2. En développant l’esprit critique des citoyens par l’éducation aux médias et à l’information afin :
  • D’interroger la démarche complotiste : Les preuves sont-elles vraiment suffisantes ?
  • D’encourager la prudence pour devenir et rester des citoyens vigilants (Ne pas confondre prudence et méfiance et ne pas confondre doute et suspicion.)
  • De canaliser la critique et permettre de mieux s’informer grâce à une démarche logique et vérifiable – Et enfin prendre du recul sur le monde qui nous entoure.

CHAPITRE 11 – LES RÉCITS DANS L’IMAGINAIRE COLLECTIF DES BALKANS

MYTHES DANS LES DISCOURS POLITIQUES

Typologie et fonction des mythes

 

Définition : Le mythe est une construction imaginaire qui sert d’explication, de fondation à certaines pratiques sociales, et représente un facteur de mobilisation. Mais c’est aussi un mode particulier de discours, semblable au rêve et à la légende. D’après l’historien français Raoul Girardet, la place occupée par l’imaginaire dans l’histoire des idées politiques est importante, car il explique parfois la puissante attirance qu’ont exercé certains systèmes politiques dénués de fondement religieux.

 

Les jeunes républiques post-yougoslaves sont toutes concernées par la question de la diffusion de mythes nationaux et des symboles destinés à créer un sentiment commun d’appartenance à la nation ou à la communauté. L’historien Raoul Girardet propose quatre thèmes récurrents que l’on retrouve dans la plupart des mythes et qui montrent l’importance fondamentale de l’imaginaire dans l’évolution des idées politiques et de la société :

 

  • Le mythe de l’unité : C’est l’exaltation de la patrie, du collectif et de la communauté, représenté par un seul groupe d’individus semblables (renforcement de la logique d’opposition : eux/nous)
  • Le mythe du sauveur : Il s’agit de mettre en avant la figure du héros, du guide à qui l’on s’identifie comme un modèle et qui procure une légitimité.
  • Le mythe de l’âge d’or : C’est l’idéalisation de l’ancien temps, la nostalgie d’une époque et l’attachement à des éléments du passé pour chercher une stabilité présente et future.
  • Le mythe du complot / de la conspiration : Il s’agit de la désignation de coupable extérieur, la mise en avant de la figure de l’ennemi responsable des malheures de la communauté et qui incite les individus à se mobiliser contre ce dernier.

 

Les mythes et leur utilisation politique apparaissent généralement dans les périodes critiques, dans les moments de crise d’identité ou de malaise lié aux mutations de la société et du mode de vie. C’est lorsque les tensions internes croissent que le mythe devient nécessaire, l’imaginaire réagissant alors à des changements, des pertes de repères ou des remises en question des traditions. Ces mythes ont donc une fonction politique claire : mobiliser la population autour d’une histoire et de repères communs.

 

De la même manière qu’une image peut résumer un concept ou un événement, le mythe nourrit l’imaginaire des individus. Ce phénomène peut s’intensifier selon les groupes de personne, notamment chez les jeunes en quête d’identité, ou d’explications sur le monde qui les entoure, ou encore confrontés à un avenir incertain.

 

 

EXEMPLES DE MYTHES IMPORTANTS DANS LA RÉGION DES BALKANS

Dans toutes les cultures il existe des mythes variés et tous n’ont pas la même fonction, mais la richesse culturelle des Balkans permet le développement et la diffusion de nombreux mythes propres à la région.

 

Exemple : “Les descendants d’Alexandre le Grand”

 

En Macédoine du Nord, le mythe selon lequel les macédoniens seraient les héritiers d’Alexandre le Grand est très répandu alors même qu’il est impossible de faire coïncider le territoire de la Macédoine contemporaine avec celle de l’époque, ou même de trouver une filiation entre les populations qui habitaient autrefois ces terres et celles qui les peuplent de nos jours. Si la Macédoine du Nord chevauche en partie les régions que contrôlait Philippe II à sa mort, en 336 avant J.C, le coeur du royaume d’Alexandre le Grand se trouve principalement en Grèce près de Vergina. De plus, les citoyens des pays des Balkans d’aujourd’hui sont le résultat de brassages complexes, alimentés par les invasions et migrations successives qui ont balayé la région depuis plus de deux millénaires.

 

Ces mythes alimentent pourtant les discours des courants nationalistes contemporains des Balkans, qui cherchent à affirmer l’antériorité de leur peuple sur un territoire donné, afin de prouver la légitimité de leurs prétentions.

 

La diffusion d’un mythe peut alors contribuer à crisper les relations entre des communautés ou des peuples dans la région. En effet la question de l’héritage macédonien d’Alexandre le Grand a ravivé des tensions entre la Grèce et la Macédoine du Nord lors des débats sur le changement du nom du pays en 2018. Les courants nationalistes Grecs, estimant que le terme de « Macédoine » appartient au patrimoine hellénique, refusaient que l’ancienne république yougoslave puisse utiliser ce nom. Ce qui a donné lieu à plusieurs manifestations violentes dans les deux pays.

 

Exemple : Le mythe de la « fraternité orthodoxe »

 

En Serbie, au Monténégro et en Macédoine du Nord, un lien fort avec la Russie subsiste dans l’esprit de beaucoup d’habitants, alimenté par le sentiment qu’une « fraternité orthodoxe » les unirait particulièrement à ce pays. Selon une étude menée fin 2017 par le gouvernement serbe, un quart des habitants (24%) désignent la Russie comme principal donateur (aide financière et dons matériels) à leur pays, alors que 75% des dons et des aides viennent de l’Union Européenne ou de pays membres. De même, plus de 70% des investissements étrangers entre 2010 et 2017 sont venus de l’UE, contre quelques 10% de Russie, selon les chiffres de la Banque nationale serbe.

 

Ce mythe se base donc sur une relation plus émotionnelle que rationnelle qui perdure, entretenue par certains responsables politiques, comme le président serbe Aleksandar Vučić ou Milorad Dodik de Republika Srpska.

 

Pour limiter leur impact négatif, la déconstruction des mythes passe nécessairement par un travail de recherche et d’approfondissement historique et/ou journalistique. Cependant il n’est pas toujours facile de procéder à un travail de recherche sur des sujets encore sensibles pour les individus et pour les gouvernements des différents pays impliqués. Le manque de moyen des journalistes, le manque d’intérêt pour la recherche historique dans les médias et la rapide diffusion des théories du complot sur internet peuvent ralentir l’avancée de la recherche et la déconstruction de certains mythes persistants.

 

A ce titre l’association “Krokodil” a lancé une initiative en juin 2020 à Belgrade contre l’instrumentalisation de l’histoire à des fins politiques. Le but étant de créer un espace de dialogue historique et interculturel dans les pays nés de l’éclatement de la Yougoslavie, et d’encourager une culture plus inclusive de la mémoire.

 

Enfin, certains canaux de diffusion d’information peuvent servir à contourner cette problématique de l’étude historique et du peu d’importance des médias pour cette thématique sérieuse, comme c’est le cas avec le cinéma.

 

 

LE CINÉMA : ENTRE EXPRESSION CITOYENNE ET VECTEUR DE MYTHE

La promotion des mythes nationaux est parfois conduite aussi à travers le cinéma, qui y trouve une source d’inspiration et s’assure un impact important sur l’imaginaire des individus. En effet, à moins d’avoir une culture historique importante et spécifique sur le sujet en question, il est parfois difficile de juger de la véracité des événements mis en scène dans une oeuvre cinématographique. Aussi il n’est pas rare que certains films proposent une lecture biaisée des événements, voire alimentent et propagent certains mythes, légendes et idées reçues.

 

Exemple : Fin 2017, la RTS (télévision nationale serbe), produit et diffuse la série Senke nad Balkanom (« Ombres sur les Balkans »), du réalisateur Dragan Bjelogrlić. L’action se déroule à Belgrade, capitale du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, puis du Royaume de Yougoslavie, dans les années 1920-1930. Cette série présente cette période comme un âge d’or pour le pays. On a déjà pu voir l’adaptation pour la télévision de la trilogie de Mir-Jam, (Ranjeni orao, Nepobedivo srce, Samac u braku), entre 2008 et 2014, et du film qui a donné lieu à une série, Montevideo, Bog te video (2012-2014), sagas qui abordent cette même période de l’histoire nationale avec nostalgie.

 

Cependant, le cinéma peut aussi être utilisé comme un instrument puissant de déconstruction et comme un mode d’expression de la société civile permettant d’aborder d’importants enjeux de société et d’actualité.

 

Exemple : Le court métrage “Take me somewhere nice” sorti en 2019 et réalisé par Ena Sendijarević une jeune réalisatrice d’origine bosnienne, met en scène une jeune femme bosnienne installée aux Pays-Bas avec sa famille qui retourne dans son pays natal. Cette oeuvre aborde donc la question de l’immigration, de l’interculturalité, du nationalisme et d’un retour aux racines parfois compliqué pour les jeunes générations.

 

Exemple : Le film « Before the Rain » du réalisateur macédonien Milcho Manchevski qui a obtenu le lion d’or au festival de Venise en 1994, évoque la question de la guerre et des tensions ethniques entre Macédoniens et Albanais.

CHAPITRE 10 – L’IMAGE ET SES RISQUES DE MANIPULATION

La puissance de l’image

“Une image en dit plus qu’un long discours”.

 

Depuis plusieurs décennie, l’utilisation de l’image à pris une place importante dans nos sociétés, que ce soit avec la télévision, dans les médias, la publicité ou plus directement dans nos vies avec l’utilisation fréquente des réseaux sociaux. En effet, avec l’image il y a cette idée que c’est la réalité qui se reflète et qui s’offre d’un seul coup presque immédiatement, plus vite qu’un texte ou qu’une parole. Ainsi, ce mode de communication ou d’expression possède une forte puissance symbolique puisqu’elle peut résumer beaucoup de chose en très peu de contenu.

 

Une force à double tranchant

 

Cependant cette forte puissance symbolique n’est pas sans défaut, et la tendance à penser qu’une image parle d’elle même est un piège qu’il faut éviter car l’image peut facilement tromper nos sens et peut donc être utilisée pour nous induire en erreur ou nous manipuler. Par exemple Il est tout à fait possible de donner plusieurs interprétations à une même image.

 

Avec la force des réseaux sociaux et d’internet une image, une photographie ou une vidéo peut devenir virale et mondiale. D’un côté cette viralité peut être une bonne chose lorsque la diffusion d’une image permet de réveiller les consciences comme la photo d’un jeune couple serbo-croate s’embrassant fièrement avec leur drapeau respectif sur le dos qui a été largement diffusée sur les réseaux sociaux. Mais en même temps cela implique de devoir faire face parfois à des diffusions massives et rapide de fausses informations voire de théories du complot illustrées ou liées directement à des images ou des vidéos.

 

Fabrication et manipulation d’images

 

Le rôle central de l’image et son impact dans nos sociétés nous aide à comprendre pourquoi les fausses informations les plus efficaces et les plus répandues sont celles qui utilisent le visuel (images, photos, vidéos). Même lorsque la fausse information n’est pas liée directement à une photographie, son auteur cherchera la plupart du temps à illustrer cette fausse information par une image (souvent décontextualisée, ou manipulée).

 

Il existe différents types de manipulations d’images :

 

  • La Décontextualisation : C’est la méthode la plus utilisée car elle est très facile à mettre en oeuvre. Il s’agit d’un procédé qui réinterprète le sens d’une image pour lui faire dire quelque chose d’autre en la sortant du contexte initial. Ainsi les véritables raisons et les circonstances dans lesquelles la photographie a été prise ne comptent plus. L’objectif est de chercher à illustrer un propos et de ne s’arrêter qu’à l’aspect premier de l’image en niant son origine, ce qui représente une forme de trahison du sens de l’image.

 

Exemple : Au mois d’août 2020, une image a circulé sur les réseaux sociaux prétendant qu’une antenne 5G avait été installée sur le toit du minaret d’une mosquée en Bosnie-Herzégovine. Il s’agit en réalité d’une simple photo du minaret en question mais les commentaires liés à l’image déclarent qu’une antenne 5G s’y trouve et émet de forts rayonnements d’onde magnétique, alors même que la 5G n’est pas encore installée dans le pays.

 

  • Le Trucage ou Montage Photo : Cette méthode implique une modification artificielle de l’image ou de la photographie d’origine dans le but de modifier son sens. Il peut s’agir :
     

    • D’un objet ou d’une personne ajoutée ou enlevée sur une photographie ou une vidéo.

 

Exemple : Suite à l’explosion sur le port de Beyrouth en août 2020, des images modifiées ont circulées sur internet sur lesquelles un missile a été ajouté grâce un logiciel vidéo, suggérant ainsi que l’explosion était une attaque militaire d’un pays étranger, notamment Israël.

 

    • Ou d’un recadrage afin de cacher une partie de la photographie, comme par exemple lors d’un meeting ou d’une manifestation : il est possible de couper la partie de l’image où il n’y a personne pour donner l’impression que l’espace était rempli.

 

  • Le Deepfake : Il s’agit d’une technique de trucage qui utilise un logiciel d’intelligence artificielle pour remplacer le visage d’une personne sur une vidéo. Il existe par exemple une vidéo d’un faux discours de Barack Obama dans lequel il insulte son successeur Donald Trump. Ce trucage a été réalisé grâce à la technique du “DeepFake”. Avec les nouvelles avancées technologiques, il deviendra de plus en plus difficile de repérer les images truquées ou retouchées et avec l’apparition de nouvelles méthodes de manipulation vidéo, il faudra redoubler de prudence et vérifier ses sources.

 

Fausses informations et réseaux sociaux : deux enjeux liés

 

Le partage d’image et de vidéo est pour la grande majorité de ces réseaux au coeur même de leur fonctionnement (Facebook, Instagram, Snapchat). De ce point de vue, le danger est alors double puisque d’une part il est possible pour n’importe quel individu de publier/partager des images à un large public sur les réseaux, et d’autre part la manipulation d’images ne demande aucune compétence technique particulière (comme pour la photo de l’antenne 5G sur le minaret en Bosnie Herzégovine).

 

Dessins de presse et caricatures

Cette puissance symbolique de l’image, la presse l’utilise depuis longtemps pour faire passer ses messages. Alors même que la photographie n’existait pas encore, l’utilisation de l’image comme forme critique dans la presse se faisait par le dessin, et notamment avec la caricature. Il est intéressant de constater qu’aujourd’hui encore, malgré l’utilisation très répandue de l’image et de la photographie, on utilise toujours la caricature dans la presse et cette technique est même devenue un métier et un art à part entière.

 

Définition : Un mode d’expression symbolique produisant la synthèse d’un concept, d’une problématique ou d’un fait d’actualité en exagérant les traits ou les aspects d’une personne ou d’un phénomène. Le plus souvent la caricature utilise le ton de l’humour afin de dénoncer et de critiquer.

 

Exemple : En Serbie, en novembre 2018, les caricatures des célébres dessinateurs Predrag Koraksić Corax et Dušan Petričić ont fait l’objet de polémique obligeant la bibliothèque de Lazaravac à décrocher leurs dessins. Ces derniers étant très engagés dans la défense de la liberté d’expression, une exposition de leurs dessins de presse et caricatures a été inaugurée le 22 novembre à la mairie de Stari grad, à Belgrade.

 

La caricature est une thématique intéressante au regard de l’utilisation de l’image et de ses impacts mais c’est aussi un outil peu investi par les jeunes. De par sa portée symbolique et du fait qu’elle soit liée à un contexte ou à un sujet spécifiques, traiter le sujet avec les jeunes nécessite souvent un travail de contextualisation afin de donner les clés de compréhension des enjeux/sujets mobilisés par la caricature .

CHAPITRE 9 – LES REPRÉSENTATIONS À L’ÉCRAN

Les “œuvres” audio-visuelles

Documentaire et reportage

 

Définitions : Entre œuvre artistique et enquête journalistique, le documentaire se distingue de la fiction puisque les sujets traités sont réels et que le but principal reste celui d’informer à propos de cette réalité. Contrairement au reportage journalistique, le documentaire utilise un langage artistique qui fait aussi appel aux émotions du spectateur, afin de le pousser à la réflexion. A l’inverse, le reportage est une enquête journalistique fondée sur le principe d’objectivité, même si l’auteur de l’enquête peut avoir une posture militante et engagée. Dans le reportage tout aspect de fiction est abandonné pour laisser la place aux éléments factuels.

 

Exemples :

 

– Le documentaire Druga strana svega (« L’envers d’une histoire », 2017) de la réalisatrice serbe Mila Turajlić revient, par exemple, sur l’histoire serbe des dernières 70 années à travers la perspective de Srbijanka Turajlić, mère de la réalisatrice et militante pour la paix. La réalisatrice fait dialoguer son histoire familiale avec l’histoire de son pays, abordant la question de l’engagement politique des anciennes générations face à la désillusion des jeunes serbes d’aujourd’hui.

 

– Un autre documentariste, le kosovar Samir Karahoda, aborde la question de l’émigration d’une partie de la jeunesse du Kosovo à travers son œuvre Në Mes (« In Between », 2019). A travers ce documentaire, Karahoda montre un aspect crucial de l’actualité de son pays, notamment l’absence de perspective économique pour une grande partie de sa jeunesse et l’émiettement de la famille, unité sociale très importante dans la société kosovare.

 

– Dans le contexte balkanique nombre de reportages ont été consacrés, par exemple, à la question de la corruption et du crime organisé. C’est le cas d’un reportage de la journaliste monténégrine Olivera Lakić, auteure d’une enquête sur le crime organisé suite à laquelle elle est devenue la cible d’une attaque à l’arme à feu.

 

Les films et le cinéma

 

La fiction et le cinéma peuvent aussi aborder les mêmes thématiques que les documentaires et les reportages journalistiques sans pour autant suivre les mêmes procédés. Les films peuvent raconter des histoires inventées tout en s’inspirant de la réalité. Le cinéma permet donc d’aborder, avec une grande liberté, des questions sociétales centrales, et pousser le spectateur à la réflexion.

 

Exemple : Dans son film Honeymoons (2009), le réalisateur serbe Goran Paskaljević met en scène l’histoire inventée de deux couples, l’un serbe, l’autre albanais, pour aborder le thème de l’émigration vers l’Europe, à travers un regard à la fois ironique et dramatique

 

 

La télévision : Le journal télévisé

Dans l’histoire des médias et de l’accès à l’information, l’apparition de la télévision a joué un rôle proche de celui des réseaux sociaux aujourd’hui, dans le sens où son utilisation a représenté une sorte de révolution dans la manière dont les populations consomment les informations. Ce média emblématique reste encore important dans nos sociétés et doit nous interroger sur la manière dont l’outil audiovisuel est utilisé pour communiquer des informations.

 

Définition : Le journal télévisé est une émission d’information de plusieurs dizaines de minutes diffusée à la télévision et animée par un ou plusieurs présentateurs. Il peut proposer des reportages sur des sujets internationaux, nationaux ou locaux, ou des chroniques intermittentes comme la météo.

 

L’objectif principal du journal télévisé est d’apporter des informations de qualité recueillies par les journalistes ou les correspondants travaillant pour la chaîne, sur l’actualité ou sur des sujets de fond. Contrairement à la radio qui propose aussi des émissions “flash” sur l’actualité, le journal télévisé fait une place particulière à l’image, à la fois dans l’apparence et la gestuelle du présentateur mais aussi lors des reportages, des photographies ou des infographies diffusées à l’écran (code couleur, police utilisée dans l’écriture, type de décor pour le plateau etc.)

 

Exemple : La direction du JT de la chaine albanaise Zjarr TV, a décidé, en 2016, de faire présenter le bulletin d’informations par des présentatrices au buste nu sous une veste ouverte dissimulant à peine leur poitrine. Ce choix, fortement critiqué pour son caractère sexiste, représente un cas extrême mais illustre bien l’importance de la gestion de l’image et du visuel lors d’un journal télévisé.

 

Un support qui a ses limites

Bien que la télévision soit un média très populaire, les chaînes n’échappent pas à une certaine logique économique et parfois même à une l’influence politique (en particulier dans le cas des chaînes publiques) qui peut peser sur la qualité de l’information diffusée et limiter la représentation de la diversité des opinions et des mouvements d’opposition. . Dans la région des Balkans en particulier, es sujets de fond peuvent être remplacé par des sujets plus légers se calquant sur un modèle de “tabloïd” et de presse people.

 

Exemple : En mars 2019, les manifestants serbes du mouvement #1od5 miliona et d’autres représentants des partis d’opposition, ont protesté devant les bureaux de la radio-télévision serbe (RTS) pour critiquer cette non-représentation à la télévision.

 

Face à cette situation, plusieurs chaînes d’informations internationales ont investi dans la région, à la fois pour proposer une alternative aux spectateurs, mais aussi pour des raisons géopolitiques. Ainsi, dans les dernières années, la chaîne qatari “Al Jazeera” a inauguré sa rédaction locale à Sarajevo, alors que la chaîne Russia Today a commencé à diffuser des informations en langue locale sur la radio serbe Studio B.

 

Le journal télévisé, bien qu’il reste très populaire, est par ailleurs de plus en plus supplanté par les médias en ligne et les réseaux sociaux.

 

Les nouveaux écrans

Dans tous les pays du monde, le temps passé sur les écrans augmente régulièrement chaque année, notamment chez les jeunes. Si la télévision occupe une bonne partie de ce temps, c’est davantage l’accès aux réseaux sociaux qui fait augmenter ce temps d’écran. L’étude de “BusinessFibre.co.uk” en 2019 dresse par exemple la liste des pays qui passent le plus d’heures sur internet, rappelant que la moyenne mondiale du temps passé sur les écrans est de 6 heures et 42 minutes par jour (lien disponible dans la section “pour aller plus loin”).

 

Dans ce temps passé sur les réseaux sociaux, une grande partie est dédiée à la visualisation de vidéos, omniprésentes sur internet, et notamment grâce à l’application du “géant” de la vidéo : YouTube.

 

Définition : YouTube est une plateforme d’hébergement de vidéos et un média social sur lequel les utilisateurs peuvent envoyer, regarder, commenter, évaluer et partager des vidéos en streaming. Créé en février 2005 par Steve Chen, Chad Hurley et Jawed Karim, trois anciens employés de PayPal, et racheté par Google en octobre 2006 pour 1,65 milliard de dollars, il est un des sites les plus consultés du monde (En 2020, chaque mois, YouTube compte plus de 2 milliards d’utilisateurs connectés).

 

Il est alors intéressant de constater que cette plateforme reprend certains codes audiovisuels de la télévision. Par exemple on parle de “chaîne YouTube”, et les “Youtubeurs” doivent posséder les mêmes compétences que les présentateurs télé : une bonne expression orale, une apparence qui donne envie de regarder la vidéo, allant même jusqu’à reproduire des plateaux d’émission de télévision.

 

Exemple : Les Youtubers les plus suivis dans différents pays :

Bosnie Herzégovine : https://www.youtube.com/user/Seherzad

Serbie : https://www.youtube.com/user/SerbianGamesBL2

Monténégro : https://www.youtube.com/user/BalkanGamesHD

 

Conscientes de l’attrait de ce format pour les jeunes générations, certaines chaînes de télévision investissent ce média en re-diffusant des émissions ou en proposant de regarder directement ces chaînes en direct sur YouTube (comme la chaîne RTS Sajt – Zvanični kanal en Serbie, qui y diffuse par exemple la série “Moja generacija Z” – “Ma Génération Z”).

 

Le succès de Youtube par rapport à la télévision s’explique aussi par la richesse du contenu qu’il propose. Puisque n’importe quel internaute peut produire ou poster une vidéo, les goûts et les opinions de chacun sont beaucoup mieux représentées qu’à la télévision. C’est donc aussi un outil dont le citoyen peut s’emparer pour s’exprimer sur ses sujets d’intérêt, vulgariser des savoirs, faire entendre ses idées, alerter sur un sujet ou communiquer des informations importantes, comme lorsque certains manifestants filment leur déplacement en direct lors d’une manifestation.

 

En se plaçant comme un pilier central à la diffusion et production audiovisuelle, YouTube et les médias sociaux proposant de la vidéo, jouissent d’une position hégémonique dans notre rapport à l’information. Cela pose alors les questions centrales de liberté d’expression, de monopole et de responsabilité quant aux contenus diffusés, notamment les potentielles fausses informations, discours de haine et théorie du complot malheureusement très populaires sur cette plateforme consultée en grande partie par les jeunes.

CHAPITRE 8 – LUTTER CONTRE LES FAKE NEWS

LA NOTION D’INFOX : UN ÉLÉMENT CENTRAL DE L’EMI

Définition : Lorsque l’on parle d’infox, de fausses informations ou de “Fake News”, Il s’agit d’informations fabriquées, truquées ou déformées, diffusées volontairement par des individus, militants ou responsables politiques, dans le but de manipuler les citoyens et de les faire adhérer à leurs idées.

 

La diffusion de ces fausses informations peut avoir des conséquences néfastes sur la société : par exemple, lorsqu’il s’agit de viser ou d’accuser une minorité ou une communauté afin de susciter la peur et d’inciter à la haine envers elle. Aussi lorsque la fausse information est utilisée pour créer un sentiment d’insécurité dans un but électoral, la manipulation d’information se trouve être un instrument d’une très grande efficacité.

 

Exemple : Les manifestations contre la présence de migrants se sont ainsi multipliées à l’approche des élections législatives du 21 juin en Serbie. Le 2 mars 2020, 500 personnes environ s’étaient déjà réunies dans la ville de Subotica, frontalière avec la Hongrie tout au nord du pays, avant de dénoncer les « crimes » commis par les migrants sur le territoire serbe, alors même que selon les données de la police, les infractions commises par les réfugiés ne représentent que 0,06% des délits recensés dans le pays.

 

Certains faits divers et scandales comme celui du “Cambridge Analytica” aux Etats-unis (utilisation des données de millions d’utilisateurs qui seront ensuite la cible de Fake News) nous rappellent combien les informations manipulées ont un impact sur notre vie, de notre quotidien jusqu’aux élections présidentielles.

 

Exemple : En mars 2020 en Bosnie-Herzégovine, une femme de 51 ans qui rentrait d’un voyage en Italie et testée positive au coronavirus, a été victime d’un véritable lynchage sur les réseaux sociaux après la publication d’informations erronées par plusieurs médias. Ces derniers racontaient qu’elle avait assisté à un concert et pris les transports en commun. Certains commentaires sur Facebook, déclaraient que cette femme méritait d’être tuée parce qu’elle était infectée, qu’elle ne devait pas rentrer en Bosnie-Herzégovine.

 

Dès lors, en déformant, manipulant et falsifiant la réalité pour susciter de la haine et tenter de convaincre les citoyens avec de faux arguments ou des informations qui n’existent pas, les fausses informations interrogent la notion même de vérité et de citoyenneté dans les sociétés modernes. Parce qu’elles mobilisent la plupart du temps nos émotions, nos préjugés et confirment parfois nos opinions, les infox se diffusent facilement et trouvent un écho important sur les réseaux sociaux, renforçant leurs effets néfastes sur la qualité de l’information disponible.

 

A ce titre, l’information étant essentielle à notre vie et au coeur de toutes nos décisions et de notre rapport aux autres, il est primordial de préserver sa fiabilité, sa transparence et éviter autant que possible les manipulations dont elle peut faire l’objet. En plus d’être attentif à la qualité de l’information, adopter une posture critique à l’égard des contenus que l’on consulte ou reçoit permet de limiter le risque de manipulation ou d’influence extérieure et de se forger une opinion plus juste.

 

 

DEJOUER LES PIEGES DE LA DÉSINFORMATION

Pour lutter contre la désinformation plusieurs solutions sont envisagées :

  • Mieux contrôler la diffusion de l’information en ligne en responsabilisant les plateformes et les “géants du net” (Facebook, Google, Twitter etc.). Ces derniers ont tous pris des mesures dans ce sens en donnant la possibilité aux utilisateurs de signaler des fausses informations, en supprimant des comptes propageant des discours de haine et des Fake news ou en menant et relayant des campagnes de prévention. Par exemple en janvier 2020 Facebook a annoncé qu’il supprimera et interdira les vidéos de types “deepfake” sur sa plateforme.

 

A noter que laisser les GAFA réguler le contenu de ces plateformes peut être problématique au regard de la liberté d’expression et de la censure, dans un contexte où l’hégémonie de ces “Géant du net” interroge. A ce titre, il existe dans certains pays des organismes indépendants chargés de contrôler à la fois l’action des médias traditionnels mais aussi d’assurer le contrôle de l’information et la protection des utilisateurs sur ces plateformes en ligne.

 

  • Beaucoup d’États prennent aussi la mesure de l’urgence et de leur rôle dans le contrôle et la fiabilité des informations qui circulent à l’intérieur de leur pays en passant, la plupart du temps, par l’appareil législatif. Cependant il faut alors veiller à ce que les mesures prises pour limiter la désinformation et renforcer les moyens de contrôle ne limitent pas paradoxalement la liberté d’expression des médias et des citoyens, empêchant le travail du journaliste.
  • On peut aussi préparer la population à faire face de plus en plus souvent aux fausses informations, à la manipulation des images ou à la diffusion croissante et rapide des théories du complot. Ainsi les actions comme l’éducation critique aux médias et à l’information vont inciter la population à se protéger contre ces manipulations, par l’apport de connaissances et le développement de l’autonomie intellectuelle et de l’esprit critique.
  • Enfin la prise de conscience se fait également du côté des médias traditionnels. A ce titre un nouveau mode de traitement journalistique est apparu depuis peu dans certains pays mais aussi à une échelle plus internationale, afin de limiter les risques de désinformation : Le Fact Checking

 

 

LE FACT CHECKING

Origine et Définition

 

Face à la prolifération des fausses informations, images et vidéos truquées, notamment sur internet, les méthodes journalistiques de confrontation et de vérification des informations sont devenues indispensables à tel point que de nombreux médias ont développé depuis peu des services spécialisés dans la vérification des faits.

 

Souvent appelé fact-checking, ce nouveau mode de traitement journalistique consistait, à l’origine, à vérifier de manière systématique les affirmations de responsables politiques ou des éléments du débat public (chiffres, contenus législatifs, etc.). Mais avec la multiplication des infox et des dangers de la désinformation, le fact-checking consiste plutôt aujourd’hui à vérifier rapidement la véracité d’un fait, d’une image ou d’une rumeur et plus largement tous types d’informations véhiculées sur le Net.

 

Les limites du fact-checking

 

Cependant si le fact-checking est un outil utile pour la vérification des informations, il ne doit pas se transformer en dictat immuable de la vérité. En effet certaines questions ne peuvent pas être tranchées par un simple fact checking, comme des questions politiques, d’opinions ou de morale par exemple. Comme son nom l’indique il s’agit de rester “factuel” et de vérifier des faits précis.

 

De plus les éléments pour vérifier une information peuvent parfois manquer ou être dépendants d’autres organismes. Par exemple, calculer le nombre de personnes présentes dans une manifestation va obliger le média fact-checker à faire lui même confiance aux chiffres communiqués soit par les autorités, soit par les organisateurs de la manifestation, ce qui va très certainement amener à des disparités fortes.

 

Il faudra donc là aussi encourager la prudence et garder un esprit critique en sachant quand accorder sa confiance à un média fact-checker et quand une question mérite d’être traitée avec du recul.

CHAPITRE 4 – MÉDIAS ET CITOYENNETÉ

LA LIBERTÉ D’EXPRESSION ET LA LIBERTÉ DE LA PRESSE

 

  • La liberté d’expression est un droit, le droit d’exprimer librement ce que l’on pense.

 

Si la liberté d’expression doit permettre à chacun.e. d’être libre de penser et d’exprimer ses opinions, elle a aussi ses limites: il faut veiller à ne pas faire de diffamation, d’injure, d’appel à la haine envers un groupe à cause de sa religion, sa couleur de peau ou de sa sexualité, d’encouragement au terrorisme, au crime de guerre.

 

  • La liberté de la presse, qui reflète le droit à la liberté d’expression, garantit aux citoyens d’avoir toutes les informations nécessaires pour se forger une opinion librement.

 

Les journaux ont pour rôle d’éclairer les lecteurs et de susciter des débats d’idées entre les citoyens. Pour cela, les journalistes obéissent à des règles. Ils peuvent parler de tous les sujets, mais en faisant attention à vérifier l’information pour en garantir la qualité.

 

Dans certains pays, la liberté de la presse peut être mise à mal, et les journalistes peuvent être empêchés de couvrir certains événements ou de critiquer le pouvoir. Chaque année, l’ONG Reporters sans Frontières publie un classement sur la liberté de la presse dans le monde.

 

 

LA DÉONTOLOGIE DU JOURNALISME

  • Le journalisme est un domaine qui consiste à rechercher une information, la vérifier, la situer dans son contexte, la hiérarchiser, la mettre en forme, la commenter et publier une information de qualité ; il ne peut se confondre avec la communication.
  • L’exercice de la profession : La notion d’urgence dans la diffusion d’une information ou d’exclusivité ne doit pas l’emporter sur le sérieux de l’enquête et la vérification des sources. Pour travailler dans de bonnes conditions, le journaliste doit pouvoir accomplir tous les actes de sa profession (enquête, investigations, prise d’images et de sons, etc…) librement, avoir accès à toutes les sources d’information concernant les faits qui conditionnent la vie publique et voir la protection du secret de ses sources garantie.
  • La Déclaration des Droits et Devoirs des journalistes de Munich, rédigée en 1971 par l’ensemble des syndicats de journalistes au niveau européen, donne des orientations pour une pratique déontologique du journalisme. Selon cette déclaration, un journaliste digne de ce nom:
  • respecte la dignité des personnes et la présomption d’innocence ;
  • tient l’esprit critique, la véracité, l’exactitude, l’intégrité, l’équité, l’impartialité, pour les piliers de l’action journalistique ;
  • tient l’accusation sans preuve, l’intention de nuire, l’altération des documents, la déformation des faits, le détournement d’images, le mensonge, la manipulation, la censure et l’autocensure, la non vérification des faits, pour les plus graves dérives professionnelles ;
  • exerce la plus grande vigilance avant de diffuser des informations d’où qu’elles viennent ;
  • dispose d’un droit de suite, qui est aussi un devoir, sur les informations qu’il diffuse et fait en sorte de rectifier rapidement toute information diffusée qui se révèlerait inexacte ;
  • défend la liberté d’expression, d’opinion, de l’information, du commentaire et de la critique ;
  • proscrit tout moyen déloyal et vénal pour obtenir une information.
  • ne touche pas d’argent dans un service public, une institution ou une entreprise privée où sa qualité de journaliste, ses influences, ses relations seraient susceptibles d’être exploitées

CHAPITRE 3 – L’INFORMATION ET LES MÉDIAS

DÉFINITIONS

1/ Un média est avant tout un support matériel qui permet la diffusion massive d’informations comme la presse écrite, la radio, internet ou la télévision.

 

Multiplication et diversification de l’offre d’information

 

Après la Seconde Guerre Mondiale, nous assistons à une densification de l’information et une multiplication des supports médiatiques : les foyers s’équipent en télévisions, les chaînes de radio se multiplient et de nombreux magazines de presse voient le jour. On parle alors de médias “ de masse “. Dès lors, l’information disponible est devenue plus importante et variée qu’elle ne l’était auparavant, et le phénomène s’est accentué jusqu’à nos jours avec l’ère du numérique qui a fondamentalement changé les façons de s’informer.

 

Modification du rapport à l’information

 

A mesure que cette offre d’information se multiplie et se diversifie, c’est notre propre rapport à l’information qui s’en trouve modifié, notamment depuis l’apparition d’internet au début des années 90. Véritables contre-pouvoir démocratique, les médias deviennent alors indispensables à la vie des citoyens. En période électorale par exemple, mais aussi tout au long de l’année, les médias sont la principale source de diffusion des propositions, des débats et des programmes politiques des représentants et des responsables politiques.

 

En outre, cette évolution de l’offre médiatique et notamment le développement d’internet a permis la propagation plus importante d’idées et d’opinions qui étaient alors marginales – ou moins diluées dans l’opinion publique – comme les théories du complot ou les idéologies extrémistes, facilitant alors leur diffusion auprès du grand public.

 

Mais les médias renvoient aussi à une dimension structurelle et professionnelle moins visible, c’est-à-dire qu’ils représentent un système organisé économiquement (de financement, de rémunération des journalistes) et socialement (ce qui implique de savoir en quoi consiste le métier de journaliste, ses pratiques, ses usages, l’éducation au journalisme).

 

2/ Une information, dans le contexte de l’éducation critique aux médias, est un fait relaté, provenant de sources identifiées, vérifiées et recoupées. À cela peut s’ajouter une mise en perspective expliquant ou interprétant le fait en question dans une dimension sociale, culturelle et politique. De plus, une information doit remplir trois critères :

 

  1. Avoir un intérêt pour le public : Pour être considéré comme une information, au sens médiatique et social du terme, un fait doit avoir un intérêt public. Par exemple, s’il s’agit de la présence de n’importe quel citoyen à un match de football, cela ne constitue pas une information susceptible d’avoir une importance pour l’ensemble des autres citoyens.
  2. Être factuelle : une information doit concerner un fait, être factuelle. C’est-à-dire, pour poursuivre notre exemple, que le score du match ou la blessure d’un joueur sur le terrain constituent des informations à part entière car il s’agit de faits, d’actes et de résultats observables. Au contraire, les rumeurs à propos du transfert d’un joueur vers un autre club, ou les potentielles tensions qui pourraient exister au sein d’une équipe ne constituent pas encore des informations.
  3. Être vérifiée et vérifiable: pour confirmer son statut d’information, un fait doit être vérifié et vérifiable. En d’autres termes, il faut être attentif ici à la notion de preuve qui valide le fait.

 

COMMENT LES MÉDIAS COMMUNIQUENT L’INFORMATION

En presse écrite, il est possible de relater une information de trois manières, ce qui revient à utiliser des genres journalistiques différents :

 

  1. L’information expliquée : Le journaliste analyse les faits, il décrypte l’information et donne au lecteur des informations sur le “comment” et le “pourquoi” . Ce type d’écriture est utilisé pour l’analyse, l’enquête, le dossier et l’interview journalistique.
  2. L’information commentée : Il s’agit d’un type d’écriture plus libre dans lequel le journaliste interprète et tente de déchiffrer les faits en jouant sur l’humour, en donnant son avis ou en portant un jugement. Ce mode d’écriture est utilisé pour la tribune, le billet, l’éditorial, la caricature ou la critique.
  3. L’information rapportée : C’est un style journalistique très narratif dans lequel le journaliste expose et raconte les faits en détails. C’est ce mode d’écriture qui est utilisé pour la brève, la dépêche, les faits divers, le compte-rendu, le reportage ou le récit.

 

LE CIRCUIT DE L’INFORMATION

Le circuit de l’information suit différentes étapes :

  1. Le fait
  2. L’alerte ( un journaliste est informé par ses sources)
  3. La vérification (plusieurs journalistes sont mobilisés, ils interrogent les organisations, les personnes ou les institutions concernées en se déplaçant sur place).
  4. Une conférence de rédaction peut -être organisée par le média. Le rédacteur en chef réunit les chefs de service, on décide de déployer les journalistes sur le terrain et de traiter différents angles: les caractéristiques, les hypothèses, les précédents, les reportages, le récit de la journée…
  5. Lors de la rédaction, le journaliste écrit son article ou son commentaire, puis les éditeurs relisent et corrigent, légendent les photos…
  6. Quand l’information est recoupée, c’est le moment de la publication. Elle est publiée sous la forme d’un flash, d’une alerte ou d’une dépêche, selon l’importance de l’information.

A savoir: Avoir un scoop, c’est publier l’information en premier. Les autres médias pourront le reprendre mais en précisant d’où elle provient.