DÉCRYPTER L’INFORMATION

SÉANCE 3 : INFORMATION ET DÉSINFORMATION

Fiche pédagogique 8

CHAPITRE 8 – LUTTER CONTRE LES FAKE NEWS

Niveau : Moyen

Objectifs pédagogiques

Objectif 1 : Maîtriser la notion de fausses informations

Objectif 2 : Comprendre comment lutter contre la désinformation

Objectif 3 : Se familiariser avec le concept de “fact-checking”

LA NOTION D’INFOX : UN ÉLÉMENT CENTRAL DE L’EMI

Définition : Lorsque l’on parle d’infox, de fausses informations ou de “Fake News”, Il s’agit d’informations fabriquées, truquées ou déformées, diffusées volontairement par des individus, militants ou responsables politiques, dans le but de manipuler les citoyens et de les faire adhérer à leurs idées.

 

La diffusion de ces fausses informations peut avoir des conséquences néfastes sur la société : par exemple, lorsqu’il s’agit de viser ou d’accuser une minorité ou une communauté afin de susciter la peur et d’inciter à la haine envers elle. Aussi lorsque la fausse information est utilisée pour créer un sentiment d’insécurité dans un but électoral, la manipulation d’information se trouve être un instrument d’une très grande efficacité.

 

Exemple : Les manifestations contre la présence de migrants se sont ainsi multipliées à l'approche des élections législatives du 21 juin en Serbie. Le 2 mars 2020, 500 personnes environ s’étaient déjà réunies dans la ville de Subotica, frontalière avec la Hongrie tout au nord du pays, avant de dénoncer les « crimes » commis par les migrants sur le territoire serbe, alors même que selon les données de la police, les infractions commises par les réfugiés ne représentent que 0,06% des délits recensés dans le pays.

 

Certains faits divers et scandales comme celui du “Cambridge Analytica” aux Etats-unis (utilisation des données de millions d’utilisateurs qui seront ensuite la cible de Fake News) nous rappellent combien les informations manipulées ont un impact sur notre vie, de notre quotidien jusqu'aux élections présidentielles.

 

Exemple : En mars 2020 en Bosnie-Herzégovine, une femme de 51 ans qui rentrait d’un voyage en Italie et testée positive au coronavirus, a été victime d’un véritable lynchage sur les réseaux sociaux après la publication d’informations erronées par plusieurs médias. Ces derniers racontaient qu’elle avait assisté à un concert et pris les transports en commun. Certains commentaires sur Facebook, déclaraient que cette femme méritait d’être tuée parce qu’elle était infectée, qu’elle ne devait pas rentrer en Bosnie-Herzégovine.

 

Dès lors, en déformant, manipulant et falsifiant la réalité pour susciter de la haine et tenter de convaincre les citoyens avec de faux arguments ou des informations qui n’existent pas, les fausses informations interrogent la notion même de vérité et de citoyenneté dans les sociétés modernes. Parce qu’elles mobilisent la plupart du temps nos émotions, nos préjugés et confirment parfois nos opinions, les infox se diffusent facilement et trouvent un écho important sur les réseaux sociaux, renforçant leurs effets néfastes sur la qualité de l’information disponible.

 

A ce titre, l’information étant essentielle à notre vie et au coeur de toutes nos décisions et de notre rapport aux autres, il est primordial de préserver sa fiabilité, sa transparence et éviter autant que possible les manipulations dont elle peut faire l’objet. En plus d’être attentif à la qualité de l’information, adopter une posture critique à l'égard des contenus que l’on consulte ou reçoit permet de limiter le risque de manipulation ou d’influence extérieure et de se forger une opinion plus juste.

 

 

DEJOUER LES PIEGES DE LA DÉSINFORMATION

Pour lutter contre la désinformation plusieurs solutions sont envisagées :

  • Mieux contrôler la diffusion de l’information en ligne en responsabilisant les plateformes et les “géants du net” (Facebook, Google, Twitter etc.). Ces derniers ont tous pris des mesures dans ce sens en donnant la possibilité aux utilisateurs de signaler des fausses informations, en supprimant des comptes propageant des discours de haine et des Fake news ou en menant et relayant des campagnes de prévention. Par exemple en janvier 2020 Facebook a annoncé qu’il supprimera et interdira les vidéos de types “deepfake” sur sa plateforme.

 

A noter que laisser les GAFA réguler le contenu de ces plateformes peut être problématique au regard de la liberté d’expression et de la censure, dans un contexte où l’hégémonie de ces “Géant du net” interroge. A ce titre, il existe dans certains pays des organismes indépendants chargés de contrôler à la fois l’action des médias traditionnels mais aussi d’assurer le contrôle de l’information et la protection des utilisateurs sur ces plateformes en ligne.

 

  • Beaucoup d'États prennent aussi la mesure de l’urgence et de leur rôle dans le contrôle et la fiabilité des informations qui circulent à l’intérieur de leur pays en passant, la plupart du temps, par l’appareil législatif. Cependant il faut alors veiller à ce que les mesures prises pour limiter la désinformation et renforcer les moyens de contrôle ne limitent pas paradoxalement la liberté d’expression des médias et des citoyens, empêchant le travail du journaliste.
  • On peut aussi préparer la population à faire face de plus en plus souvent aux fausses informations, à la manipulation des images ou à la diffusion croissante et rapide des théories du complot. Ainsi les actions comme l’éducation critique aux médias et à l’information vont inciter la population à se protéger contre ces manipulations, par l’apport de connaissances et le développement de l’autonomie intellectuelle et de l’esprit critique.
  • Enfin la prise de conscience se fait également du côté des médias traditionnels. A ce titre un nouveau mode de traitement journalistique est apparu depuis peu dans certains pays mais aussi à une échelle plus internationale, afin de limiter les risques de désinformation : Le Fact Checking

 

 

LE FACT CHECKING

Origine et Définition

 

Face à la prolifération des fausses informations, images et vidéos truquées, notamment sur internet, les méthodes journalistiques de confrontation et de vérification des informations sont devenues indispensables à tel point que de nombreux médias ont développé depuis peu des services spécialisés dans la vérification des faits.

 

Souvent appelé fact-checking, ce nouveau mode de traitement journalistique consistait, à l’origine, à vérifier de manière systématique les affirmations de responsables politiques ou des éléments du débat public (chiffres, contenus législatifs, etc.). Mais avec la multiplication des infox et des dangers de la désinformation, le fact-checking consiste plutôt aujourd’hui à vérifier rapidement la véracité d’un fait, d’une image ou d’une rumeur et plus largement tous types d’informations véhiculées sur le Net.

 

Les limites du fact-checking

 

Cependant si le fact-checking est un outil utile pour la vérification des informations, il ne doit pas se transformer en dictat immuable de la vérité. En effet certaines questions ne peuvent pas être tranchées par un simple fact checking, comme des questions politiques, d’opinions ou de morale par exemple. Comme son nom l’indique il s’agit de rester “factuel” et de vérifier des faits précis.

 

De plus les éléments pour vérifier une information peuvent parfois manquer ou être dépendants d’autres organismes. Par exemple, calculer le nombre de personnes présentes dans une manifestation va obliger le média fact-checker à faire lui même confiance aux chiffres communiqués soit par les autorités, soit par les organisateurs de la manifestation, ce qui va très certainement amener à des disparités fortes.

 

Il faudra donc là aussi encourager la prudence et garder un esprit critique en sachant quand accorder sa confiance à un média fact-checker et quand une question mérite d’être traitée avec du recul.