DÉCRYPTER L’INFORMATION

SÉANCE 4 : DÉCRYPTER LES DIFFÉRENTS MÉDIAS

Fiche pédagogique 10

CHAPITRE 10 – L’IMAGE ET SES RISQUES DE MANIPULATION

Niveau : Moyen

Objectifs pédagogiques

Objectif 1 : Prendre du recul par rapport à l’importance de l’image dans nos sociétés

Objectif 2 : Prévenir la manipulation par l’image

Objectif 3 : Aborder l’image comme forme critique et positive

La puissance de l’image

“Une image en dit plus qu’un long discours”.

 

Depuis plusieurs décennie, l’utilisation de l’image à pris une place importante dans nos sociétés, que ce soit avec la télévision, dans les médias, la publicité ou plus directement dans nos vies avec l’utilisation fréquente des réseaux sociaux. En effet, avec l’image il y a cette idée que c’est la réalité qui se reflète et qui s’offre d’un seul coup presque immédiatement, plus vite qu’un texte ou qu’une parole. Ainsi, ce mode de communication ou d’expression possède une forte puissance symbolique puisqu’elle peut résumer beaucoup de chose en très peu de contenu.

 

Une force à double tranchant

 

Cependant cette forte puissance symbolique n’est pas sans défaut, et la tendance à penser qu’une image parle d’elle même est un piège qu’il faut éviter car l’image peut facilement tromper nos sens et peut donc être utilisée pour nous induire en erreur ou nous manipuler. Par exemple Il est tout à fait possible de donner plusieurs interprétations à une même image.

 

Avec la force des réseaux sociaux et d’internet une image, une photographie ou une vidéo peut devenir virale et mondiale. D’un côté cette viralité peut être une bonne chose lorsque la diffusion d’une image permet de réveiller les consciences comme la photo d’un jeune couple serbo-croate s’embrassant fièrement avec leur drapeau respectif sur le dos qui a été largement diffusée sur les réseaux sociaux. Mais en même temps cela implique de devoir faire face parfois à des diffusions massives et rapide de fausses informations voire de théories du complot illustrées ou liées directement à des images ou des vidéos.

 

Fabrication et manipulation d’images

 

Le rôle central de l’image et son impact dans nos sociétés nous aide à comprendre pourquoi les fausses informations les plus efficaces et les plus répandues sont celles qui utilisent le visuel (images, photos, vidéos). Même lorsque la fausse information n’est pas liée directement à une photographie, son auteur cherchera la plupart du temps à illustrer cette fausse information par une image (souvent décontextualisée, ou manipulée).

 

Il existe différents types de manipulations d’images :

 

  • La Décontextualisation : C’est la méthode la plus utilisée car elle est très facile à mettre en oeuvre. Il s’agit d’un procédé qui réinterprète le sens d’une image pour lui faire dire quelque chose d’autre en la sortant du contexte initial. Ainsi les véritables raisons et les circonstances dans lesquelles la photographie a été prise ne comptent plus. L’objectif est de chercher à illustrer un propos et de ne s’arrêter qu’à l’aspect premier de l’image en niant son origine, ce qui représente une forme de trahison du sens de l’image.

 

Exemple : Au mois d’août 2020, une image a circulé sur les réseaux sociaux prétendant qu’une antenne 5G avait été installée sur le toit du minaret d’une mosquée en Bosnie-Herzégovine. Il s’agit en réalité d’une simple photo du minaret en question mais les commentaires liés à l’image déclarent qu’une antenne 5G s’y trouve et émet de forts rayonnements d’onde magnétique, alors même que la 5G n’est pas encore installée dans le pays.

 

  • Le Trucage ou Montage Photo : Cette méthode implique une modification artificielle de l’image ou de la photographie d'origine dans le but de modifier son sens. Il peut s’agir :
     
    • D’un objet ou d’une personne ajoutée ou enlevée sur une photographie ou une vidéo.

 

Exemple : Suite à l’explosion sur le port de Beyrouth en août 2020, des images modifiées ont circulées sur internet sur lesquelles un missile a été ajouté grâce un logiciel vidéo, suggérant ainsi que l’explosion était une attaque militaire d’un pays étranger, notamment Israël.

 

    • Ou d’un recadrage afin de cacher une partie de la photographie, comme par exemple lors d’un meeting ou d’une manifestation : il est possible de couper la partie de l’image où il n’y a personne pour donner l’impression que l’espace était rempli.

 

  • Le Deepfake : Il s’agit d’une technique de trucage qui utilise un logiciel d'intelligence artificielle pour remplacer le visage d’une personne sur une vidéo. Il existe par exemple une vidéo d’un faux discours de Barack Obama dans lequel il insulte son successeur Donald Trump. Ce trucage a été réalisé grâce à la technique du “DeepFake”. Avec les nouvelles avancées technologiques, il deviendra de plus en plus difficile de repérer les images truquées ou retouchées et avec l’apparition de nouvelles méthodes de manipulation vidéo, il faudra redoubler de prudence et vérifier ses sources.

 

Fausses informations et réseaux sociaux : deux enjeux liés

 

Le partage d’image et de vidéo est pour la grande majorité de ces réseaux au coeur même de leur fonctionnement (Facebook, Instagram, Snapchat). De ce point de vue, le danger est alors double puisque d’une part il est possible pour n’importe quel individu de publier/partager des images à un large public sur les réseaux, et d’autre part la manipulation d’images ne demande aucune compétence technique particulière (comme pour la photo de l’antenne 5G sur le minaret en Bosnie Herzégovine).

 

Dessins de presse et caricatures

Cette puissance symbolique de l’image, la presse l’utilise depuis longtemps pour faire passer ses messages. Alors même que la photographie n’existait pas encore, l’utilisation de l’image comme forme critique dans la presse se faisait par le dessin, et notamment avec la caricature. Il est intéressant de constater qu'aujourd'hui encore, malgré l’utilisation très répandue de l’image et de la photographie, on utilise toujours la caricature dans la presse et cette technique est même devenue un métier et un art à part entière.

 

Définition : Un mode d’expression symbolique produisant la synthèse d’un concept, d’une problématique ou d’un fait d’actualité en exagérant les traits ou les aspects d’une personne ou d’un phénomène. Le plus souvent la caricature utilise le ton de l’humour afin de dénoncer et de critiquer.

 

Exemple : En Serbie, en novembre 2018, les caricatures des célébres dessinateurs Predrag Koraksić Corax et Dušan Petričić ont fait l’objet de polémique obligeant la bibliothèque de Lazaravac à décrocher leurs dessins. Ces derniers étant très engagés dans la défense de la liberté d’expression, une exposition de leurs dessins de presse et caricatures a été inaugurée le 22 novembre à la mairie de Stari grad, à Belgrade.

 

La caricature est une thématique intéressante au regard de l’utilisation de l’image et de ses impacts mais c’est aussi un outil peu investi par les jeunes. De par sa portée symbolique et du fait qu’elle soit liée à un contexte ou à un sujet spécifiques, traiter le sujet avec les jeunes nécessite souvent un travail de contextualisation afin de donner les clés de compréhension des enjeux/sujets mobilisés par la caricature .