LE POUVOIR CITOYEN DES MÉDIAS
SÉANCE 5 - LE CIVISME EN LIGNE
Fiche pédagogique 13CHAPITRE 13 – POUR UN USAGE CITOYEN DES MÉDIAS
Niveau : Moyen
Objectifs pédagogiques
Objectif 1 : Maîtriser les concepts clés de “cyber-citoyenneté” et de “médias citoyens”
Objectif 3 : Fournir des exemples de réussites de médias citoyens
Objectif 3 : Évaluer les risques et les pièges des médias citoyens
Qu’est-ce qu’un média citoyen ?
Définition : Dans « média citoyen » on trouve les mots « média » et « citoyen ». En effet, il s’agit de médias, c’est-à-dire de supports (radio, TV, internet, etc.) à travers lequel on véhicule des informations à un large public. Parallèlement, on emploie l’adjectif « citoyen », puisque les auteurs de ces articles et de ces enquêtes ne sont pas des journalistes professionnels mais des citoyens lambda qui ont comme but d’animer des débats sur des questions spécifiques ou de problèmes concernant la société toute entière.
Par conséquent, le lecteur abandonne sa posture purement passive et s’implique dans la construction et la diffusion de l’information. La participation est donc un élément très important dans les médias citoyens. A travers des radios (en ligne ou pas) mais aussi des blogs, des vlogs (blog dont le principal outil est la vidéo), des podcasts, etc.. Ainsi de simples citoyens, des chercheurs ou des professionnels du monde associatif peuvent prendre la parole et toucher un public vaste.
Exemple : En Albanie, le blog comme engagement citoyen : créé en 2007, par Ardian Vehbiu, le blog “Peizazhe të Fjalës” (Paysage de la parole), se présente comme un espace à part et indépendant, un modèle durable dans un paysage médiatique albanais confronté à des transformations rapides, à la réduction progressive des ressources financières, à une baisse de crédibilité et à une politisation importante. D’après son auteur, “Le blog s’est voulu dès le départ comme un « sanctuaire » de la libre pensée albanaise, protégée des intimidations, culpabilisations, humiliations, stigmatisations, procès, réquisitoires, « assourdissements de la majorité » et autres formes contemporaines de censure dans le discours public”.
L’engagement via les réseaux sociaux
Les réseaux sociaux ont également transformé la circulation de l’information, traditionnellement verticale et descendante en une transmission plus horizontale. Chacun peut produire du contenu et le diffuser au sein de son propre réseau mais aussi en dehors de ce dernier. Cette prise de parole n’est pas simplement virtuelle, mais se fait souvent en parallèle ou en amont des mobilisations concrètes sur le terrain. Dans le cadre des révolutions arabes, par exemple, les réseaux sociaux ont joué un rôle indéniable, mais les changements politiques se sont produits grâce aux mouvements sociaux (manifestations, blocages, etc.). Les réseaux sociaux permettent une rapide circulation de l’information et des idées, mais les changements à l’échelle sociale se produisent lorsque cet engagement rencontre la réalité physique du terrain.
Exemple : En Serbie, le cas du mouvement #1of5million apparu fin 2018 a su tirer profit des nouvelles technologies et des moyens de communication modernes en mobilisant les citoyens grâce au partage de contenus en ligne et aux échanges d’informations via les réseaux sociaux. Ainsi le mouvement a rapidement acquis un vaste public et Twitter et Facebook ont permis la création de groupes de débat et la mobilisation des masses de personne contre les dérives autoritaires du système politique et pour la liberté d’expression.
Risques et pièges
Il faut garder en tête que le journalisme est un métier qui implique des compétences spécifiques ainsi que le respect de la déontologie. Pourtant chacun peut se former au journalisme, notamment grâce aux dialogues entre les journalistes professionnels et les amateurs. Ce partage de connaissances permet de faire en sorte que les médias citoyens deviennent de vraies sources alternatives et fiables.
La facilité avec laquelle, aujourd’hui, chacun peut assumer le rôle de journaliste amateur, expose aussi à quelques risques. Des producteurs d’information peuvent parfois ignorer les normes fondamentales de la déontologie journalistique et diffuser des informations incorrectes voire, parfois, complètement manipulées.
Média citoyen, chaîne de télévisions, presse écrite ou encore réseaux sociaux, la quantité et la variété d’informations disponibles aujourd'hui sont plus que jamais une richesse qui demande de conserver un esprit critique à l’égard de toutes ces sources d’informations.
En outre, internet est un espace de liberté mais aussi un espace d’échanges économiques. Les logiques de marketing envahissent à la fois internet et les réseaux sociaux, et l’information devient aussi une source de profit.
La circulation de certaines informations (notamment celles qui ont un impact émotionnel sur les lecteurs) peut être aussi une source de profit dans un système financé par les annonceurs et la publicité. Ce phénomène de “ClickBait” (appât à cliques) s’observe de plus en plus et incite les internautes à cliquer sur un lien et à visiter un site internet pour lire un article. L’auteur de l’article et du site en question est en fait rémunéré par la publicité disponible sur son site et par rapport au nombre de vues qu’il accumule. Cela représente aussi une source de risque car de fausses croyances peuvent se diffuser dans le but d’attirer les internautes.