FAKE NEWS & PANDEMIE
DÉFINITION
La propagation massive de fausses nouvelles qui ont concerné la pandémie du Covid-19 a été telle qu’un terme nouveau a émergé pour désigner ce phénomène de désinformation : “l’infodémie”.
L’infodémie fait ainsi référence à la vague d’informations trompeuses à propos du coronavirus qui a récemment déferlé sur les réseaux sociaux et les moteurs de recherche. Dans le contexte de la crise sanitaire, Tedros Adhanom Ghebreyesus, le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a ainsi déclaré que « les fausses nouvelles liées au Covid-19 se propagent plus rapidement et plus facilement que ce virus et sont tout aussi dangereuses ».
La pandémie s’est accompagnée d’informations fausses, malveillantes, relevant de théories complotistes. Les fake news suivantes ont été particulièrement virales au niveau mondial : “Le virus causant le COVID-19 est une arme biologique créée par l’Homme” ; “Le gouvernement italien empêche les migrants de se faire tester pour le COVID-19” ; “La pandémie de COVID-19 a été prédite lors d’une simulation”.
Dans ce contexte, les médias, les Etats et la communauté internationale ont développé des organismes de fact-checking pour combattre la désinformation autour du virus, et rétablir les vérités scientifiques sur la maladie. Parmi ces opérateurs de la vérification des faits, nous pouvons par exemple citer : Le dispositif de l’Organisation Mondiale de la Santé ; La plateforme NewsGuard ; Le site UE VS Desinfo.
ILLUSTRATION : LES BALKANS A L’HEURE DU CORONAVIRUS
Les Balkans occidentaux ont été fortement touchés par les fausses informations liées au Covid-19. Une plateforme de Fact-Checking dédiée à vérification des faits s’est en particulier focalisée sur la déconstruction des fake news liées à la pandémie circulant dans la Région : RASKRIKAVANJE.RS.
Les exemples pour illustrer la propagation de l’infodémie dans les Balkans sont légion. En Bosnie, notamment, des discours de haine ont vu le jour sur internet. Ainsi, de retour d’un voyage en Italie et testée positive au coronavirus, une femme bosniaque âgée de 51 ans a été victime d’un véritable lynchage sur les réseaux sociaux après la publication d’informations erronées par plusieurs médias, qui racontaient qu’elle avait assisté à un concert et pris les transports en commun (ce qui était faux).
Selon Marija Vučić du site d’investigation Raskrikavanje, « ces publications irresponsables sont très dangereuses dans le contexte actuel, surtout pour les habitants de petites communes. Ils n’osent même pas sortir dans la rue car la population locale les tient responsables de la propagation de la maladie. Cela peut vraiment mettre en danger la sécurité de certains ».
Comme l’explique Le Courrier des Balkans, “les tabloïds de la Région ont emboîté le pas aux réseaux sociaux en répandant des informations non vérifiées sur la pandémie”.
Le tabloïd Serbe Alo ! (https://www.alo.rs/) a par exemple annoncé de façon erronée que le nombre de personnes infectées diminuait dans le monde. C’est faux : cette tendance n’a été observée que dans un petit nombre de pays. C’est ce type de contenu mensonger qui fait dire à Sandra Bašić Hrvatin, professeure à la Faculté des sciences humaines de Slovénie, que « l’avalanche de fausses informations sur les réseaux sociaux a instauré un climat de méfiance envers la science, les experts et les institutions. Les médias ne devraient pas céder au sensationnalisme, leur rôle devrait plutôt être d’expliquer la nature du virus et d’indiquer les mesures de prévention par le biais d’informations officielles et professionnelles ».
MÉCANISMES PSYCHOLOGIQUES ET SOCIAUX DE L’INFODEMIE
Au cours du développement de la pandémie du Covid-19, le monde a vu la montée des théories de conspiration, des fausses nouvelles et des doutes sur la version officielle de l’origine et de la propagation de la maladie, ainsi que sur sa gravité. Une proportion importante des populations, dans les pays gravement touchés comme dans ceux qui le sont moins, a été prise au piège de diverses théories du complot et canulars. Cela n’est pas surprenant étant donné que la maladie n’est pas seulement associée à l’expertise médicale, mais qu’elle déclenche également la dynamique sociale et psychologique associée aux conspirations.
Ces théories se développent lorsque les gens tentent de donner un sens à un événement qui, autrement, en semble dénué. Il s’agit d’expliquer ces événements par le biais des théories conspirationnistes.
Cette tendance est particulièrement prononcée lorsqu’il existe une dissonance cognitive importante entre la cause et l’effet. Par exemple une pandémie déclenchée par l’infection aléatoire de plusieurs humains par des animaux qui a entraîné des millions de cas et près d’un demi-million de décès dans le monde à la mi-juin 2020.
Les théories du complot mettent toujours l’accent sur un complot malveillant souvent mené par un petit groupe de personnes contre le monde ou une nation, ce qui a pour effet de désarmer les individus tout en les dégageant de leur responsabilité.
Les conspirations se développent particulièrement lorsque les événements touchent les gens personnellement, comme la pandémie, et lorsque la confiance dans les connaissances établies et dans ceux qui fournissent ces connaissances, comme l’État, la science et les médias, est faible.