TESTE TES CONNAISSANCES SUR LES MÉDIAS ET L’INFORMATION

1 – EN QUOI CONSISTE LE MÉTIER DE JOURNALISTE ?

NOTIONS CLÉS

 

Le journaliste a pour mission de rechercher et vérifier l’information, de la rédiger puis de la diffuser sur tout type de support. C’est donc avant tout un rédacteur, un spécialiste de l’écriture. Mais le journaliste doit aussi témoigner, filmer, interviewer, enregistrer, photographier, monter les images, mettre en page… Ce métier recouvre une très grande diversité de fonctions : rédacteur en chef, grand reporter, monteur, journaliste reporter d’images…. Parallèlement, le journaliste peut choisir de se spécialiser (localier, journaliste sportif économique / finances /politique…) ou non.

 

Quel que soit le support ou l’employeur, les journalistes doivent respecter quelques règles de base (toujours vérifier leurs sources et informations, choisir un angle pour hiérarchiser les informations, capter l’attention du lecteur par un style simple, vif et direct) et sont soumis à des règles déontologiques strictes et précises ( respecter la dignité des personnes, faire preuve d’esprit critique, vérifier ses sources…)

 

Le statut de journaliste professionnel est attribué à celui qui a pour occupation principale, régulière et rétribuée, l’exercice de sa profession dans une ou plusieurs publications quotidiennes ou périodiques, dans une ou plusieurs agences de presse, à la radio, à la télévision ou sur le web et qui en tire le principal de ses ressources.

 

Le travail des journalistes est central pour permettre aux populations de s’informer. Le journalisme est souvent considéré comme le 4ème pouvoir face aux pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Et parce que les médias ont ainsi fait éclater de nombreux scandales politiques, certains gouvernements tentent de contrôler la presse de leurs pays.

 


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KRIK :L’exemple d’un média d’investigation en Serbie : https://www.krik.rs/

 

En Serbie, les journalistes du média d’investigation KRIK ont mené de nombreuses enquêtes documentées sur la corruption et le crime organisé dans leur pays. Comme en témoigne Jelena Radivojević, l’une des six journalistes de KRIK, dans une interview donnée au “Courrier des Balkans” , le rédacteur en chef, Stevan Dojcinović, est régulièrement la cible de nombreuses attaques particulièrement virulentes de la part des tabloïds serbes, financés par le pouvoir.

 

Selon cette journaliste et ses confrères, le gouvernement, par l’intermédiaire de certains médias, s’emploie à discréditer la rédaction en général, et certaines personnes personnellement, en les accusant par exemple d’être des “agents secrets travaillant pour d’autres pays” ou en diffusant des photos privées.

 

Si les journalistes n’ont jamais été attaqués physiquement, l’appartement d’une d’entre eux a été mis à sac et des menaces de morts ont été envoyées aux journalistes par Facebook sans que les auteurs n’aient été inquiétés.

 

Le cas du média Kirk révèle les risques du métier de journaliste et les entraves perpétrées à l’encontre de la liberté de la presse en Serbie et dans le monde.

2 – QUELLE EST L’HISTOIRE DES MÉDIAS ?

NOTIONS CLÉS

 

Les médias traditionnels sont les médias qui étaient établis avant internet ; Il s’agit de la radio, de la télévision et de la presse écrite au format papier. A partir des années 1990 et avec l’arrivée du numérique, ces médias historiques se renouvellent en proposant des versions « online » mais aussi des versions adaptées aux smartphones et aux tablettes.

 

A partir de 2004 de nouveaux acteurs médiatiques apparaissent et entrent en concurrence avec les médias traditionnels : les médias sociaux ( Facebook, Youtube, Instagram, etc…). Il s’agit des plateformes numériques dont le contenu est généré par les utilisateurs, et où le principe d’interaction entre les différents internautes est primordiale. Cette logique de collaboration est propre au web 2.0 : autrefois consommateurs d’informations, les internautes en sont désormais acteurs. .

 

L’évolution du monde médiatique représente une opportunité. En effet, l’émergence des nouvelles formes numériques (blogs, Wikipedia, YouTube, réseaux sociaux, etc.) favorise un accès plus large aux connaissances, à la liberté d’expression et à la participation citoyenne.

 

Concernant le rôle des médias, qu’il s’agisse de supports traditionnels ou en ligne, l’UNESCO propose une typologie intéressante. Les médias peuvent remplir une ou plusieurs des fonctions suivantes :

 

  • Canal d’information et de connaissances
  • Organe de contre-pouvoir et de contrôle du gouvernement
  • Animateur du processus démocratique et facilitateur de débats
  • Véhicule d’expression culturelle
  • Fédérateur d’une communauté

 


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La route des Balkans est de plus en plus utilisée par les migrants syriens ou afghans qui veulent rejoindre l’Europe.

Les médias sociaux jouent un rôle important dans le traitement de cette information.

En effet, les tweets et clichés instagram publiés par les demandeurs d’asile sur la route des Balkans permettent de mieux saisir la réalité humaine vécue par les protagonistes.

 

Le média français “LeFigaro.fr” (lien) a ainsi réussi – grâce à ces publications prises sur le vif – à retracer le périple des migrants pour gagner l’Autriche, l’Allemagne ou la Suède en passant par la Grèce, la Macédoine, la Serbie, et la Hongrie.

 


Le périple des migrants sur la route des Balkans, retracé et documenté grâce aux réseaux sociaux des protagonistes.

 

Cette utilisation des réseaux sociaux témoigne de l’évolution du paysage médiatique et du rôle des médias. Aujourd’hui, tout le monde peut être témoin d’un événement et le partager avec le monde entier dans la seconde qui suit. Cette pratique a donné naissance au “journalisme citoyen”, qui fait de chaque utilisateur des médias sociaux un producteur d’information en puissance.

 

3 – QU’EST-CE QUE LA LIBERTE DE LA PRESSE ?

NOTIONS CLÉS

La liberté de la presse garantit aux citoyens d’avoir toutes les informations nécessaires pour se forger une opinion librement.

 

Les journaux ont pour rôle d’éclairer les lecteurs et de susciter des débats d’idées entre les citoyens. Pour cela, les journalistes obéissent à des règles. Ils peuvent parler de tous les sujets, mais en faisant attention à vérifier l’information pour en garantir la qualité.

 

Dans un pays qui garantit la liberté de la presse, les journalistes peuvent exercer leurs métiers en toute liberté et partager leurs contenus médiatiques sans entrave. Ils ont alors l’espace nécessaire pour déployer une démarche journalistique rigoureuse en menant un travail d’enquête, d’investigation et de confrontation des sources ; Un journaliste libre s’appuie sur l’analyse et la mise en perspective des faits et des explications possibles. C’est sur cette démarche journalistique que repose la fiabilité et la qualité de l’information.

 

Dans certains pays, la liberté de la presse peut être mise à mal, et les journalistes peuvent être empêchés de couvrir certains événements ou de critiquer le pouvoir. Chaque année, l’ONG Reporters sans Frontières publie un classement sur la liberté de la presse dans le monde.

 

 

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En août 2018, le journaliste d’investigation monténégrin Jovo Martinovic a été nommé lauréat 2018 du prix Peter Mackler qui récompense le courage et l’éthique journalistique. Ce prix récompense le journaliste pour sa contribution à une presse libre et indépendante.

 

Jovo Martinovic a travaillé pour de nombreux médias internationaux comme la BBC, et les journaux The Economist ou The Financial Times. Il est reconnu pour sa couverture complète du crime organisé en Europe et des criminels de guerre dans les Balkans. Suite à ces enquêtes, il a été l’objet de poursuites judiciaires liées au trafic de drogue.

 

Afin d’appréhender concrètement les enjeux de la liberté de la presse, vous pouvez utilement lire le courrier “Mise en accusation du journaliste monténégrin Jovo Martinović” (en anglais) rédigé par la Fédération Internationale des Journalistes et la Fédération Européenne des journalistes à l’attention du premier ministre du Monténégro. Ce courrier demande la prise en compte des circonstances dans lesquelles le journaliste était en contact avec les suspects : sous couverture pour mener à bien son enquête journalistique.

4 – COMMENT VÉRIFIER UNE INFORMATION ?

NOTIONS CLÉS

Aujourd’hui, l’information en ligne disponible est autant diffusée par des sources fiables et des journalistes professionnels que par des manipulateurs des faits qui produisent des fausses nouvelles. Aussi, dans le monde numérique, il est devenu primordial d’être capable de distinguer le vrai du faux.

 


Il existe quelques questions simples à se poser pour évaluer la qualité et la pertinence d’une information, mais aussi la fiabilité de sa source. Ainsi, avant même de lire un article ou de regarder une vidéo, il faut prendre un temps de réflexion, exercer son esprit critique, et se demander :

 

  • Qui est l’auteur du document, est-il un expert sur le sujet r ?
  • Quelle est la nature du site ou de l’éditeur ?
  • D’où provient l’information ? Les sources sont-elles citées ?
  • De quand date l’information ?
  • Quels sont les objectifs du site : vendre, informer, convaincre, faire peur ?

 

Par ailleurs, pour gagner en fiabilité et avoir des chances d’être considérée comme correcte, une information doit être confirmée par d’autres sources d’information et/ou consultable sur d’autres médias. On dit alors que l’information doit être recoupée pour être vérifiée.

 

 

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Consulter des médias indépendants représente l’un des meilleurs moyens de s’informer à partir d’informations fiables. Les médias indépendants sont des acteurs professionnels du journalisme, c’est à dire qu’ils sont engagés dans la production “d’une information de qualité, complète, libre, indépendante et pluraliste”.

 

Dans la Région des Balkans, plusieurs médias indépendants répondent à ces critères, dont notamment :

 

Pour découvrir plus de médias indépendants dans la région des Balkans, vous pouvez vous rendre, sur la plateforme Tamil, sur l’onglet “Médias indépendants” (lien).

 

5 – COMMENT IDENTIFIER LES FAKE NEWS ?

NOTIONS CLÉS

 

Pour identifier une fausse information il faut appliquer le plus souvent possible les outils de vérification d’information en suivant ces quelques règles :

 

1. Vérifier la nature du site où l’on a consulté l’information. Les onglets “mentions légales” ou “à propos” permettent en général d’identifier le type de site que l’on consulte (blog, site humoristique, institutionnel, etc.). Si il s’agit d’un réseau social, vérifier la nature du compte qui a partagé/diffusé l’information (compte parodique, institutionnel etc.)

 

2. Regarder la date de publication de l’information. De nos jours, une information est rapidement dépassée ou a souvent déjà été démentie/vérifiée.

 

3. Vérifier l’identité de l’auteur de l’information (s’agit-il d’un journaliste ? D’un spécialiste du sujet qu’il aborde ? D’un citoyen ?). Interrogez-vous sur son objectif, cherche-t-il à nous informer, nous donner son point de vue ou nous manipuler ?

 

4. Remontrer à l’origine de l’information. Sur quel support a-t-elle été publiée en premier ? Bien souvent sur internet, les informations sont partagées, diffusées et parfois aussi déformées, décontextualisées ou interprétées. Il est donc important de trouver d’où est issue l’information.

 

5. Se poser les bonnes questions, être curieux et douter. L’esprit critique est le moyen le plus efficace que nous avons pour se protéger des fausses informations et des théories du complot.

 


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Au cours de la campagne présidentielle américaine de 2016, la ville de Vélès, en Macédoine, est devenue “la capitale mondiale des fausses nouvelles”. En effet, sous l’influence de puissances étatiques, une centaine de jeunes macédoniens ont développé une véritable “usine à fake news”, dont l’objet était de diffuser dans l’opinion publique américaine, grâce à internet, de nombreuses fausses nouvelles pour faire gagner le candidat Donald Trump.

 

Ces jeunes ont gagné près de 10 000 euros par mois pour créer de faux comptes et inventer des articles de toutes pièces. L’une des fake news les plus courantes était de décrédibiliser la candidate démocrate, Hillary Clinton, en faisant circuler des rumeurs pour ternir son image. La fausse information selon laquelle “Barack Obama a financé la campagne d’Hillary Clinton avec des fonds volés aux vétérans”, pilotée depuis Vélès, est ainsi devenue particulièrement virale aux Etats-Unis.

6 – COMMENT SAVOIR SI UNE IMAGE A ÉTÉ TRUQUÉE ?

NOTIONS CLÉS

 

Comme pour la méthode de vérification de l’information, il faut se poser les bonnes questions pour identifier une image truquée.

 

1. Observer attentivement l’image : certaines manipulations ou trucages photo se remarquent facilement lorsqu’on regarde bien. Certains éléments précis dans l’image peuvent aussi vous donner des informations importantes sur le contexte, la date, le lieu etc.

 

2. Vérifier la nature du site où l’on a consulté l’image. S’il s’agit d’un réseau social, vérifier la nature du compte qui a partagé/diffusé l’image.

 

3. Vérifier l’identité de l’auteur ou du diffuseur de l’image (s’agit-il d’un journaliste ? D’un spécialiste du sujet qu’il aborde ?). Interrogez-vous sur son objectif, cherche-t-il à nous informer ou à nous manipuler ?

 

4. Effectuer une recherche d’image inversée (grâce à Google Image) pour remonter à l’origine de l’information. Sur quel support a-t-elle été publiée en premier ? Bien souvent sur internet, les images sont partagées, diffusées et parfois aussi déformées, décontextualisées ou interprétées. Il est donc important de trouver d’où est issue l’information. Regarder ensuite la date de publication de l’image. De nos jours, une information est rapidement dépassée ou a souvent déjà été démentie/vérifiée.

 

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Si l’on en croit cette photo prise dans la ville d’Aleksinac en Serbie et postée sur le groupe Facebook Udruženi građani Srbije : “des arbres ont été abattus à cause de la 5G”. Cette photo est également apparue sur d’autres groupes en Serbie, comme le groupe Facebook “STOP 5G mreži u Srbiji”.

 

Cette “information” est pourtant totalement fausse. Selon le site Raskrikavanje.rs, qui a vérifié la fausse nouvelle, ces arbres n’ont pas été détruits à cause de la 5G. Cette photo a en réalité été prise lors de la rénovation d’une rue dans le cadre de travaux municipaux dans la ville de d’Aleksinac en Serbie.

7 – QU’EST-CE QU’UNE THÉORIE DU COMPLOT?

NOTIONS CLÉS


C’est un ensemble structuré d’hypothèses et d’arguments, manipulés dans le but d’alimenter un récit, une idéologie ou un discours et de lui donner un aspect cohérent et logique. Ce discours cherche à démontrer l’existence d’un petit groupe de gens puissants qui planifient en secret des actions illégales et néfastes affectant le cours des événements.

 

La théorie du complot prétend que son objectif est de dévoiler une « vérité » et résoudre un « mystère ». En réalité, c’est souvent une forme de contestation du discours officiel et du “système”, un discours « en contradiction », une défiance. Ces théories adoptent une vision unique et simpliste (Le Bien contre le Mal) qui oublie la complexité du monde.

 


Généralement les théories du complot apparaissent à la suite d’événements majeurs voire traumatisants (attaque, accident, guerre, épidémie, crise économique) dans le but de leur donner une explication simple et satisfaisante.

 


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Exemple de théorie du complot : l’éclatement de la Yougoslavie

 

Dans les Balkans, les rumeurs les plus diverses circulent pour expliquer l’éclatement de la Yougoslavie en 1991. Ainsi dans plusieurs pays, le mythe selon lequel cet éclatement serait dû à une intervention et à la volonté de puissance étrangère est très répandu. Certains mettent en cause la CIA qui auraient poursuivi sa lutte contre les régimes socialistes dans les Balkans après la chute du Mur de berlin en 1989. D’autres théories accusent l’Allemagne ou encore le Vatican, qui se seraient faits les alliés de la Croatie catholique pour divers motifs. Dans ce cas, la théorie du complot permet :

  • D’expliquer les événements d’une manière simpliste, compréhensible et acceptable par tous.
  • De présenter son camp comme une victime des événements mondiaux et régionaux, créant ainsi un sentiment d’injustice et d’indignation.
  • De donner une origine extérieure aux événements politiques importants, se dédouanant ainsi de toutes formes de responsabilités.

 

En réalité, d’après les historiens, comme pour la plupart des événements politico-historique de cette ampleur, il s’agit d’un mélange de causes multiples, dont la plupart sont internes : la crise économique qui affectait le pays depuis le deuxième choc pétrolier de 1979, les rivalités entre les républiques qui se sont aggravées etc.

8 – COMMENT LES DISCOURS DE HAINE SE PROPAGENT-ILS DANS LES MÉDIAS ?

NOTIONS CLÉS

 

Ce que l’on appelle un discours de haine c’est une expression haineuse qui peut prendre la forme d’une phrase, un texte, un son, une image ou une vidéo exprimant le rejet, la haine ou la peur de l’autre, et qui va heurter les personnes visées, encourageant ainsi à développer un sentiment de haine.

 

Lorsque cette expression est faite en public, cela peut inciter les témoins de ce discours , à éprouver de la haine pour les uns ou pour les autres, à choisir un camp, et inciter parfois à exprimer à nouveau de la haine avec un niveau de violence similaire ou aggravé par l’effet de groupe. On parle alors d’incitation à la haine.

 

Généralement, les discours de haine en ligne stigmatisent l’origine, la couleur de peau, le sexe, l’orientation sexuelle, l’appartenance religieuse ou la vision du monde d’une minorité, afin de générer autour d’elle de l’hostilité et des discriminations. Internet et les réseaux sociaux contribuent à la propagation massive de ces discours de haine à travers l’absence de confrontation directe (le virtuel). De plus, en ligne, les contenus haineux reçoivent plus d’attention et sont davantage diffusés.

 

Basée sur des préjugés, sur la peur et sur des fausses croyances, ces contenus, couplés à l’absence d’esprit critique, mènent à des discours de plus en plus violents, en mettant en avant l’existence d’une communauté bouc émissaire, responsable et coupable, et nourrissant alors les amalgames et un sentiment de paranoïa. Les fausses informations qui circulent sur les réseaux sociaux participent lourdement à la propagation de ces discours haineux et violents.

 


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En 2019, quasiment tous les médias de Bosnie-Herzégovine reprennent une rumeur qui circule sur les réseaux sociaux : “Des migrants auraient attaqué un mineur près de la gare de Sarajevo”. Cependant l’enquête de la police de Sarajevo a démontré que cette rumeur relevait d’une manipulation de l’information de la part d’individus mal intentionnés visant à attiser la haine envers la communauté de migrants présente dans le pays. En effet des personnes, à commencer par le père de la victime, ont raconté que l’agression avait été commise par des migrants alors même qu’il était impossible pour eux de le savoir, lançant ainsi la rumeur.

Ce discours de haine mensonger est d’abord apparu lorsque l’un des sites les plus visités du pays, Klix.ba, a annoncé une agression présumée d’un jeune homme de 17 ans à Sarajevo par des migrants. Cet annonce été accompagnée d’une photo sur laquelle apparaissait une personne brutalisée dans un passage sombre. Pourtant, suite à une enquête, la police a non seulement établi que l’attaque n’avait pas été le fait de « migrants », mais qu’elle n’avait pas eu lieu là où le site l’avait initialement indiqué, près de la gare ferroviaire.

 

Cette stigmatisation des migrants par le biais de fausses nouvelles est courante dans les balkans, et se retrouve aussi bien dans les journaux que sur les réseaux sociaux.

 

9 – QU’EST-CE QUE LE FACT-CHECKING ?

NOTIONS CLÉS


La vérification des faits (fact-checking) est une technique consistant à vérifier en temps réel ou très rapidement la véracité des faits et l’exactitude des chiffres et des informations présentés dans les médias par des personnalités politiques ou publiques et par des experts.

 

Le fact checking permet d’autre part d’évaluer le niveau d’objectivité des médias dans leur traitement de l’information. C’est devenu une pratique très répandue ces dernières années pour lutter contre la propagation des fake news.

 

La vérification des faits s’avère indispensable face au développement des technologies numériques et des réseaux sociaux pour deux raisons : d’abord il devient de plus en plus facile de manipuler une information ou une image, et ensuite il devient aussi très simple de les diffuser largement avec les réseaux sociaux (chaque minute, 350.000 tweets sont postés sur Twitter).

 

Si le fact-checking est un bon outil pour nous aider à discerner le vrai du faux, il n’est pas non plus impossible que les journalistes qui vérifient les informations se trompent ou ne puisse pas vraiment vérifier certaines informations.Il faudra donc là aussi encourager la prudence et garder un esprit critique en sachant quand accorder sa confiance à un média fact-checker et quand une question mérite d’être traitée avec du recul.

 

 

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Dans la plupart des pays du monde, certains médias ou organismes se spécialisent dans le fact-checking avec parfois des spécialisations (questions internationales, sciences, environnement, etc.). La région des Balkans compte plusieurs organismes de fact checking:

 

Bosnie-Herzégovine : Raskrinkavanje.ba

Monténégro : Raskrinkavanje.me

Macédoine du Nord : Metamorphosis Foundation

Serbie : Istinomer Albanie : https://faktoje.al/

 

Il faut d’ailleurs noter que certains organismes ont intensifié leurs enquêtes et leur collaboration dans le cadre de la vague de fausses nouvelles qui a déferlé lors de la pandémie du Covid-19. Par exemple, Facebook a lancé un programme pour “la vérification des faits et la lutte contre la désinformation” comptant 70 organisations de fact checking certifiées à travers le monde. Les articles identifiés comme faux sont relégués par Facebook au plus bas des fils d’actualités. Cette technique réduit les futures consultations des fausses nouvelles de plus de 80 % en moyenne.